Science, Fiction

Regard sur la collection IAC, une proposition de Laurent Montaron

du  au 

Centre d’art et de rencontres Curiox Ugine — France

Dans le cadre de sa mission de diffusion de l’art contemporain sur l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes, l’IAC initie tous les deux ans un temps fort ex situ autour des œuvres de sa collection et du regard d’un artiste commissaire, invité à mettre en dialogue les œuvres de la Collection IAC avec des sites remarquables du patrimoine naturel et culturel de la région.

Après plusieurs projets, notamment avec Bernhard Rüdiger en 2009 à la Bâtie d’Urfé dans la Loire, avec Evariste Richer en 2017 à La Ferme de Bourlatier en Ardèche, avec Katinka Bock en 2019 au Monastère royal de Brou dans l’Ain, c’est cette année à Ugine en Savoie que l’IAC propose ce projet au Centre d’art et de rencontres Curiox et l’artiste Laurent Montaron, choisi pour porter son regard sur la collection de l’IAC et donner sa signature artistique à l’exposition.
Proche depuis longtemps de l’IAC, Laurent Montaron, dont plusieurs œuvres font aussi partie de la collection IAC, nous convie avec ce projet intitulé Science, fiction* à une échappée cosmique, un voyage qui interroge notre relation au temps, à la matière, aux phénomènes naturels et imperceptibles d’un environnement vidé de toute présence humaine. L’architecture moderne et radicale du centre d’art et de rencontres Curiox, installé dans une église désacralisée, bâtie en 1957 au pied des montagnes, évoque aussi l’ image d’un vaisseau tel qu’on en trouve dans les premiers récits de science-fiction.
Le visiteur est invité à embarquer pour un parcours à la découverte d’œuvres importantes de la collection IAC qui interrogent notre rapport au monde, dans sa dimension tout à la fois sensible, imaginaire, scientifique ou mystique.

SCIENCE, FICTION* PAR LAURENT MONTARON


Le chien est un animal de compagnie par excellence. Il est le protagoniste d’un récit particulier où, affranchi par l’inaction du sommeil, il rêve d’une odyssée cosmique, via la Lune, avec plantes embarquées. Ce satellite naturel occupe une place comparable auprès de la Terre, à celle du chien auprès des hommes. L’échappée cosmique n’est pas sans évoquer l’abandon d’une planète écologiquement effondrée. De même les plantes collectées et consignées à bord pourraient suggérer un musée des espèces végétales condamnées.

Ces quelques lignes esquissent une partie du récit du diaporama de quarante minutes que Suzanne Lafont a intitulé Science, fiction et qu’elle a réalisé entre 2020 et 2021.
Cette œuvre dessine le fil de l’exposition, au sein de l’architecture de Claude Fay. L’église du Sacré-Cœur des Fontaines érigée en 1957 a été désacralisée à la fin des années 90. La modernité radicale de ce bâtiment en forme de prisme garde une dimension spirituelle même dévêtue du religieux. Elle accueille un ensemble d’œuvres issues de la collection de l’IAC qui interrogent, au regard des scénarios à venir dessinés par le réchauffement climatique, la conscience de notre place relative à la surface de la sphère terrestre.

Plusieurs œuvres, telles les photographies de Lucas Leglise, cherchent dans les ressources naturelles à révéler une image première de la terre départie de la présence humaine, comme dans le diptyque de la série Désublimation des dessins de Dove Allouche, qui nous délivrent une vision aérienne aux premières heures de la formation des éléments.
Les œuvres de Loïc Blairon, telles des capsules temporelles, nous rappellent à notre éphémère relation au temps. Celle d’Ismaïl Bahri emprunte la lumière du soleil et dessine le parcours de l’astre terrestre sous la forme d’une fragile suite d’ombres. Des sphères viennent prendre la mesure de l’espace en mouvement avec l’œuvre de Daniel Gustav Cramer ou encore celle de Alighiero Boetti, tandis que s’étendent les ruines d’un monde documenté par Rodney Graham dont la dimension terrestre s’éloigne avec le fil d’Ariane tendu par Evariste Richer jusqu’au sommet du monde. L’œuvre de Maurice Blaussyld tout comme celles d’Anaëlle Vanel et de Robert Barry incarnent une mémoire dont nous nous faisons le relais. Olve Sande esquisse deux fenêtres de tir, d’un bleu du ciel qu’Ettore Spalletti a inlassablement poursuivi.

Pour l’exposition Science, fiction, Laurent Montaron a dessiné une œuvre intitulée L’ombre d’un ciel sans nuage, 2022, qui prend la forme d’une table en frêne.
Fabriquée en Savoie selon des techniques traditionnelles, elle est exposée dans l’Espace de rencontres et se destine à favoriser les échanges.
Remerciements à la menuiserie Max Duc-Martin, Marthod

*Le titre Science, fiction est inspiré par une pièce de Suzanne Lafont, présentée dans l’exposition

LAURENT MONTARON
Il est né en 1972, à Verneuil d’Avre et d’Iton dans l’Eure et vit à Saulchery dans l’Aisne (France).
La pratique de Laurent Montaron croise des médiums variés tels que le film, la photographie, les installations, le son ou encore la sculpture. Il est également commissaire d’exposition.
En savoir +

Historique des projets depuis 2009
- Scénographies de Dan Graham à Hubert Robert, Parcours sur Valence (Drôme), par Nathalie Ergino et Dorothée Deyriès-Henry
- Dans la poussière du soleil par Ann Veronica Janssens, Château des Adhémar, Montélimar (Drôme)
- Locus Oculi par Bernhard Rüdiger, Château de la Bâtie d'Urfé, (Loire)
- Transformations par Vincent Lamouroux, Plateau de l'Hôtel de Région Rhône-Alpes pour les 30 ans des Frac (Rhône)
- Rêve Caverne par Pascal Pique/Musée de l'Invisible, Musée-Château de Tournon-sur-Rhône (Ardèche)
- Le trait de Jupiter par Evariste Richer, Ferme Seigneuriale de Bourlatier près des Sources de la Loire (Ardèche)
- Le marbre et le sang, regard sur la Collection IAC par Katinka Bock, H2M-espace d'art contemporain et monastère royal de Brou, Bourg-en-Bresse (Ain)
IAC → EXPOSITIONS → ex situ → La Collection IAC → En Auvergne-Rhône-Alpes → Science, Fiction
i-ac.eu/fr/expositions/27_projets-en-auvergne-rhone-alpes/2022/582_SCIENCE-FICTION
imprimé le 05 décembre 2024 [03:06] depuis l'adresse IP : 18.227.114.218
© Institut d’art contemporain 2024