Ambition d'art

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L’exposition Ambition d’art constitue un temps fort et exceptionnel pour l’Institut autour duquel convergent différentes manifestations : un colloque, deux jours de rencontres internationales et, en région, un parcours d’expositions d’œuvres de la collection de l’IAC en résonance avec Ambition d’art.

L’Institut d’art contemporain célèbre en 2008 ses trente ans et convie pour l’occasion son fondateur, Jean Louis Maubant, à concevoir une exposition accompagnée d’une importante publication.
« Les artistes changent le monde ; à tout le moins, certains ont essayé. Ou plutôt, il serait plus juste de dire que certains changent l’individu-spectateur, sous réserve que celui-ci accepte le dialogue avec l’art. C’était vrai il y a encore quelques années, quand le Nouveau Musée s’est auto-généré ; il est devenu depuis « Institut d’art contemporain », avec l’idée que l’art se travaille, s’étudie aussi. Évidemment, c’est encore vrai aujourd’hui, même si les utopies modernes et progressistes ont baissé la tête sous l’assaut du spectacle, du business ou du sauve-qui-peut individuel.

« Apprendre à lire l’art »—c’était le titre d’une des expositions de Lawrence Weiner à l’Institut—et l’on pourrait imaginer que ses programmes successifs, de 1978 à 2008, ont tenté de mettre en espace cette ambition. Lire l’art de son temps, c’est donc potentiellement lire son temps différemment, à la lumière de ce que les artistes apportent d’éclairages nouveaux.

L’histoire de l’art, en fait, est toute entière dans ces va-et-vient permanents entre une société et ses créateurs. Chacun de ceux qui participent à l’exposition Ambition d’art a transformé, peu ou prou, un pourcentage, peut-être plus important qu’on imagine, du public venu dans la vieille école de Villeurbanne. Provocations à réfléchir à notre situation au monde (Alighiero Boetti), à notre capacité de regard (Daniel Buren), à notre rapport à l’objet (Tony Cragg), à notre oubli des mythologies et du classicisme (Luciano Fabro), à notre rapport à une religiosité contemporaine enfouie (Anish Kapoor), au temps, au rapport individu/infini (On Kawara), au machisme et ses corollaires (Martha Rosler), à l’image reconstruite et à la peinture (Jeff Wall), à la poésie et à la générosité du dialogue (Lawrence Weiner), à l’étrangeté et au décalage (Jordi Colomer), à la ville et à la nécessité, toujours, de militer pour la survivance des utopies (Yona Friedman).

L’Institut a présenté, en trente ans, plus de 140 artistes en exposition personnelle ou en exposition collective restreinte. Gordon Matta-Clark, Giulio Paolini, Leonel Moura, Öyvind Fahlström, Gillian Wearing, Douglas Gordon, Melik Ohanian, bien d’autres auraient pu participer à Ambition d’art mais l’Institut n’a que onze salles et, fidèle à notre volonté de respecter artistes et public, j’ai pensé qu’il était juste d’organiser Ambition d’art comme un dialogue de onze expositions personnelles, d’où cette sélection. Le livre en deux volumes permet de réparer l’inévitable injustice de l’exposition et réunit tous les artistes qui ont participé à cette aventure.

Le challenge d’Ambition d’art, c’est de dépasser l’évocation des trente ans. Il ne s’agit pas de commémorer mais de réfléchir au présent à la lumière d’un passé très récent. Il s’agit aussi de tenter de mettre en perspective plusieurs temps du travail de chacun. Une manière encore d’offrir une lecture révélatrice de l’art de onze artistes parmi les plus importants de ces années d’entre-deux siècles ».

Jean Louis Maubant, commissaire de l’exposition Ambition d’art
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imprimé le 21 décembre 2024 [17:12] depuis l'adresse IP : 3.128.205.45
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