née en 1991 à bucarest (roumanie)
VIT ET TRAVAILLE À BERLIN (ALLEMAGNE) et bucarest (roumanie)
La pratique transdisciplinaire de Nona Inescu, où se mêlent sculpture, photographie, vidéo, installation, reflète son parcours éclectique : après avoir étudié l'art et le design au Chelsea College de Londres, la mode à l'Académie royale des beaux-arts d'Anvers, elle suit un cursus en photographie et vidéo
à l'Université nationale d'art de Bucarest dont elle obtient le diplôme en 2016. Encore étudiante, elle présente en 2015 sa première exposition personnelle
à la Sabot Gallery (Cluj, Roumanie). Son travail a depuis fait l'objet
de nombreuses expositions en Europe, notamment à la galerie Spazio A (Pistoia, Italie) et au CAP Saint-Fons en 2023.
Les œuvres de Nona Inescu se situent dans un courant esthétique issu des années 1970, portée par des artistes qui font intervenir le corps humain en milieu naturel, tels Giuseppe Penone ou Ana Mendieta. Néanmoins sa démarche,
qui s'appuie sur de longues phases de recherche, met en avant des questions bien actuelles, comme l'effondrement de la biodiversité ou la nécessité de modèles alternatifs à l'anthropocentrisme.
Le motif de la main traverse l’œuvre de Nona Inescu, depuis sa première exposition (Hands Don't Make Magic, 2015), jusqu'à ses œuvres les plus récentes. À la fois outil et symbole de l'évolution humaine, la main représente pour l'artiste la possibilité d'une mise en relation et d'une communication entre êtres humains et monde non-humain. Ainsi la dimension haptique
est prééminente, comme dans les photographies presque sensuelles
de Concretions (Geophilia) (2017) ou dans la vidéo Where Touch Begins, We Are (2016) qui explore le sens du toucher à travers une série de micro-performances. Nona Inescu combine fréquemment des objets issus de la nature – concrétions, fleurs séchées, calcium de corail... – avec des matériaux manufacturés comme le verre, l'acier, le caoutchouc, le cuir. Le corps, humain ou non-humain, est toujours le lieu de l'expérience mais c'est un corps modifié, augmenté de greffes
et de prothèses où se produisent des hybridations interrègnes. Certaines œuvres s'inspirent d'ailleurs de l'esthétique du sport, voire du fétichisme bondage : sangles, chaînes, cages et tuteurs visent à lier ce qui est maintenu séparé
par une vision dualiste concevant le monde comme une série d'oppositions.
En élaborant des fictions mutantes, Nona Inescu ouvre des perspectives post-humanistes basées sur des scénarios où la survie passe nécessairement
par le mélange et la métamorphose.