Se souvenir du présent, esprits de l'assemblage

La Collection en prêt en France

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Prêt de l'œuvre de la Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes :
Michael Buthe, Sans titre, 1981
Avec : Nils Alix-Tabeling, Archives des forêts, Wallace Berman, Michael Buthe, Gaëlle Choisne, Julien Creuzet, Michel Gaillot et Jean-Baptiste Sauvage, George Herms, Aurélia Jaubert, Fred Mason, objets vodoun de la collection de Gabin Djimassé, Stuart Perkoff, Sarah Pucci, NoahPurifoy, Hervé Youmbi

L’assemblage promeut une esthétique du non-fini où il s’agit d’ouvrir un nouveau champ qui permet aux gens de penser et d’agir par eux-mêmes (Michael McClure1).

Dans Une histoire vraie, film de David Lynch, le protagoniste qui traverse les États-Unis sur une tondeuse à gazon pour rejoindre son frère mourant explique à une jeune femme en errance ce qu’est une famille. Il prend une tige de bois, image alors de l’individu isolé, et la casse en deux, aisément. Il assemble alors une quinzaine de branchettes qu’il serre et attache avec un fil, et tente sans succès de briser le fagot constitué, montrant ainsi à ses yeux ce qu’est une famille, collectif électif ou « naturel ». Il use ainsi de « la technique de l’assemblage, technique artisanale de la solidité qui vise à faire un seul bloc avec plusieurs »2. En peu de mots et par cet acte de juxtaposer ou d’agglomérer divers éléments pour fabriquer une nouvelle entité qui seule donne en retour une véritable consistance à chacun des membres, il montre ce que comprend toute pratique intensive de l’assemblage : un processus d’individuation à travers une expérience collective, révélant une dimension symbolique (psychologique voire spirituelle) liée à une autre profondément sociale.

L’art de l’assemblage est en effet traversé par ce principe d’élaboration d’une nouvelle réalité à partir du rapprochement plus ou moins bricolé de ce qui est séparé, hétéroclite, tout en préservant la singularité de chaque élément constitutif. Par essence inclusif, le procédé se situe à la croisée de l’empirisme matérialiste et du spirituel, de l’artistique, du populaire et du politique, quand il n’accueille pas concomitamment en son sein plusieurs temporalités (celle, parfois désuète, du remploi tout comme le zeitgeist du moment de sa réalisation). L’exposition proposera donc des œuvres en provenance de diverses époques (des années 1950 à nos jours) et continents (africain, américain et européen), et inclura également les divers champs d’activité que les artistes eux-mêmes revendiquent au fondement de leur pratique (objets et environnements populaires, objets rituels et votifs). Ainsi de quelques offrandes temporelles (cadeaux d’anniversaire), mais aussi de la culture afro-américaine, et derrière elle, des sources africaines qui l’irriguent à travers notamment celles venues du Bénin, ancien Dahomey, là où s’est développé le vodoun diffusé ensuite dans les Amériques et les Caraïbes à travers l’esclavage, et dont l’esthétique depuis des siècles est constituée de travaux d’assemblage.

Les principes et caractéristiques énoncés précédemment font de l’assemblage un paradigme dépassant largement le seul procédé technique. Ce « champ élargi »3 de l’assemblage se dévoilera tant dans la variété des médiums utilisés par les plasticien.ne.s ici convié.e.s (collage, sculpture, peinture, texte, installation), que dans ses multiples ramifications (found footage cinématographique, cut-up littéraire, mixage et sampling musicaux).

Anne Giffon-Selle et Arnaud Zohou
IAC → EXHIBITIONS → ex situ → The IAC Collection → France & at the international → Se souvenir du présent, esprits de l'assemblage
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printed on November 13, 2024 [12:26] from IP address : 3.138.114.195
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