RIDEAUX / blinds

du  au 
Conçue et organisée par Marie de Brugerolle à l’invitation de Nathalie Ergino pour l’IAC, RIDEAUX / blinds est une proposition à coulisses. Dans sa forme et sa temporalité, l’exposition propose d’expérimenter en pratique le mode opératoire de la monstration en tant que structure et possibilité de rencontre, dans l’institution publique, en ce début de 21e siècle.

RIDEAUX / blinds questionne l’héritage de la modernité, de l’abstraction et du monochrome, l’appropriation de ce qui reste, la pellicule des images dans une conscience des moyens de reproductibilité technique, la peinture avec la photographie, le cinéma et les écrans. Il s’agit de faire l’expérience de ce que nous traversons et qui nous capte, des commodités de nos conversations, des surfaces sensibles et faux trous, de la réciprocité de la lumière...

« RIDEAUX / blinds organise l’espace en construisant un parcours dont les œuvres sont les maillons structurels. Elles bordent et font l’espace, elles dialoguent avec les murs et les trous dans ceux-ci. Il s’agira peut-être de retourner l’espace comme un gant et de rentrer par l’envers du tableau, par le dos de la palissade, l’envers de la toile. Peut être comme Orphée se retournant deux fois, avec une seconde chance, celle du « déjà vu », le visiteur doublera sa garde et deviendra regardeur averti. Amusé il pourra re-doubler son parcours et prendre des tangentes nouvelles.

Si les  murs écrans, panneaux déroulants, portes coulissantes  et autres surfaces réfléchissantes peuplent notre modernité, qu’en est-il de leur mesure à l’aune du corps regardant, en mouvement, aujourd’hui ? Et surtout qu’est-ce que cela nous dit d’un regard qui glisse et qui s’accroche, de nos reflets captés malgré nous, du temps pris dans les mailles pixélisées du « screen time » ? Qu’est-ce qui constitue le début de ce qu’on nomme un décor ? Comment passe-t-on de l’intime, domestique, neutre, à l’extraordinaire ? Qu’est-ce qui fait « écran », qui nous « blinde » ?
Le titre joue des mots et en fait des armes pour situer l’expérience qui est celle du seuil, liminal et lamellé, d’un pas suspendu et tendu, ni avant ni après, mais exactement dans l’ici et maintenant d’un passage qui peut se doubler, se dédoubler en mue, pas dans le dire mais uniquement se faire.

Le projet se déploie en trois temps et une répétition, l’exposition invite le visiteur à passer des seuils et à s’engager dans l’expérience du désir de voir. Il n’y a rien à voir et je vous le montrerai. Dialoguant avec les surfaces et les murs, plafonds, sols, les œuvres sont des indices d’une découverte : une épiphanie du réel. C’est-à-dire qu’il n’y a pas de vérité révélée par l’acte artistique mais que celui-ci, si on le désire, conduit à voir le réel autrement. L’épiphanie c’est l’acte de regarder, l’objet d’art en est l’agent provocateur, le regardeur devient à son tour écran de projection. Le rideau, c’est nous ».

Marie de Brugerolle, octobre 2014
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imprimé le 21 décembre 2024 [13:02] depuis l'adresse IP : 3.14.130.43
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