Né en 1972 à Lyon (France)
Vit et travaille à Lyon
Diplômé des Beaux-Arts de Saint-Étienne en 1996, Pierre-Olivier Arnaud a exposé son travail dans divers lieux en France comme Le Magasin de Grenoble ou lors du Printemps de Septembre à Toulouse, et plus récemment au CAP Saint-Fons ; son œuvre a aussi voyagé en Europe, notamment au Mamco de Genève et à la Kunstakademie de Stuttgart.
Publiée par Tombolo Presses en 2022, une monographie documente de manière exhaustive le travail de Pierre-Olivier Arnaud depuis le début des années 20001.
Bien que son travail soit éminemment photographique, Pierre-Olivier Arnaud se décrit davantage comme un artiste qui réfléchit par le moyen de la photographie. Ses œuvres questionnent inlassablement la nature de l’image, son essence et sa production aussi bien que son mode de diffusion et de consommation. Prolongeant la réflexion de Walter Benjamin sur la perte d’aura de l’œuvre du fait de sa reproductibilité technique, l’artiste produit des photographies à rebours de tout effet spectaculaire, des images qu’il soumet autant à de multiples manipulations (désaturation, recadrage, effets de floutage, passage en négatif) qu’au spectre de leur propre disparition.
Depuis ses débuts, Pierre-Olivier Arnaud ne travaille qu’une seule et même couleur, le gris. Il passe ainsi invariablement les images qu’il crée ou qu’il prélève (publicités, journaux, etc.) à ce qu’il définit comme « un gris optique, indifférencié », dans une opération qui participe activement à son entreprise de
« désublimation », produisant en retour une forme d’étrangeté fantomatique. Si ses premières photographies se focalisent sur des détails (un bord, un angle, un coin) où le sujet n’est jamais clairement identifiable (série Sans titre, 1996), les formes commencent à faire peu à peu surface. Sans titre (please wait loading) de 2000 l’illustre exemplairement, notamment par son sous-titre emprunté à l’informatique qui nous signale qu’une image ou une information est en train de se charger. Pierre-Olivier Arnaud est aussi un promeneur, qui, au hasard de ses dérives, entreprend (à partir de 2003) de photographier des espaces urbains génériques et désaffectés en prenant soin d’évacuer tout signe permettant leur localisation, qu’elle soit spatiale ou chronologique.
Envisageant le modernisme tardif comme une « promesse déchue2 », Pierre-Olivier Arnaud sillonne les pays de l’ex-bloc soviétique à la recherche de ses manifestations tout autant que celles d’hôtels portant la même appellation (Hôtel 2000 en 2006 et Projet Cosmos en 2009). Qu’elles soient simplement contrecollées au mur ou empilées au sol, ses images « sans qualité », imprimées sur des support périssables, sont toujours guettées par l’entropie.
1 François Aubart, Anne Giffon-Selle, Pierre-Olivier Arnaud : Dans l’espace : poussières, points, trames et chatoiements – L’image prototype, restes et promesses. Nevers : Tombolo Presses, 2022.
2 Jill Gasparina, « La partie amère de ces délices », Pierre-Olivier Arnaud. Lyon : Éditions ADÉRA, 2009.