Architecture radicale

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L'architecture radicale est avant tout une époque : 1965-1975. Tout au long de cette décennie, une centaine d'architectes italiens, autrichiens, britanniques, américains, hollandais, français remettent en question les formes de l'architecture, inscrite dans un contexte culturel dominé par la définition d'une nouvelle société industrielle. Andrea Branzi en donnait une première définition : "L'architecture radicale se situe à l'intérieur d'un mouvement plus vaste de libération de l'homme des tendances de la culture contemporaine, libération individuelle considérée comme rejet de tous les paramètres formels et moraux qui, agissant comme des structures inhibitoires, rendent difficile de la réalisation complète de l'individu". En ce sens, le terme "architecture radicale" indique plus qu'un mouvement unitaire, un "lieu culturel", une tendance énergétique.

Ce "lieu culturel" renvoie à un vaste débat d'idées qui parcourt, d'une façon plurielle, les différentes disciplines à partir des années 50 et qui interpelle les concepts et des stratégies qui orientent la construction d'une civilisation industrielle, base de la civilisation actuelle. Face à elle, deux dispositifs complémentaires s'affirment : l'un, dominé par la critique des formes et des légitimations qui accompagnaient l'instrumentation du mouvement moderne, prisonnier de ses applications et de ses utilités ; l'autre, la recherche de nouveaux procédés servant à constituer de nouveaux domaines dans lesquels réinventer l'ordre du quotidien.

Aussi bien dans un aspect comme dans l'autre, les uns et les autres sont d'accord sur le fait qu'ils s'attribuent la critique d'une idéologie de la forme, d'un positivisme de la fonction et de la mécanisation, causes principales d'un processus croissant d'abstraction et homologation qui laisse la porte ouverte la porte ouverte à l'abandon des conditions humaines du projet. Ce conflit entre privé et public, entre individu et société qui avait déjà été posé par les situationnistes, réapparaissait à présent avec de nouveaux arguments et projets, dans le cadre d'un contexte culturel et politique nouveau.

Face à une réalité construite d'après des présupposés que le mouvement moderne finissait de légitimer, s'ouvrait un nouvel espace utopique où il était possible d'envisager une autre histoire, une autre ville, une autre forme d'habitat. La tension utopique qui avait touché les Avant-gardes réapparaissait désormais dans le cadre critique et radical de ceux qui pensaient que l'architecture se fait avec des idées et que c'est la pensée qui définit l'espace et l'expérience. Ce que l'on projette probablement ici, ne sont que des rêves qui, en dernier ressort, sont le récit d'un désir qui insiste et lutte contre la fatalité ; mais ce sont les rêves qui ont inspiré l'idée d'une société utopique, au-delà des conditionq propres de l'époque.

Aujourd'hui, parcourir à nouveau les travaux de l'Architecture radicale acquiert plus d'importance si on pense que l'architecture contemporaine est l'un des espaces où les questions concernant la nouvelle civilisation sont mises en évidence de façon plus directe. Il s'agit à nouveau de définir les nouveaux espaces, les nouvelles villes, les nouvelles formes d'habitat, tout en sachant que dans cette décision se joue une partie du destin humain, cette petite et grade histoire que les radicaux des années 60 ont choisie comme expérimentation et projet personnel.

Exposition réalisée avec le soutien de la Maison de l’architecture du Rhône (Lyon).

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