L'envers du décor : dimensions décoratives dans l'art du XXe siècle

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Le rapport entre l'effet du décoratif et de la modernité a commencé à être pensé à partir des années 1850 dans le cadre de la réflexion sur les arts décoratifs et la production industrielle. Dans ce contexte de remise en cause de la distinction entre les arts majeurs et les arts mineurs, issue des théories classiques, s'élabore une peinture affirmant progressivement sa planéité, par référence aux arts décoratifs (tapis, tentures ou papiers peints).

Morris développe une réflexion critique sur la production industrielle, dans le cadre d'un projet social valorisant le travail artisanal considéré comme libérateur. Le Bauhaus et le Corbusier reprennent ces idées et tentent d'intégrer les nouvelles possibilités de l'industrie. La solution pour préserver et produire une qualité moderne sera de chasser l'ornement, ceci en référence aux théories de Loos. Paradoxalement, dans un premier temps, le prix à payer pour que le décor et l'ornement réintègrent les arts majeurs sera celui de leur disparition comme élément ajouté à la structure et de leur soumission à l'architecture. Le décor et l'ornement ne sont pas passés cependant d'une position complètement périphérique à une toute récente et hypothétique situation centrale. Dès le début du siècle, certaines avant-gardes ont pensé à un projet artistique global. Le "décoratif", devenu substantif, désignera dès lors tout supplément, voire tout parasite.

La postmodernité développe un éclectisme de principe et a recours à des formes anciennes qui perdent leur sens originel. On assiste alors à une multiplication d'hybridations de toute nature, et la plupart des questionnements exprimés concernent surtout les attitudes qui mettent en jeu l'art pur, l'art et la vie, l'art comme la vie, la vie comme art.
Dans les années 60, l'expression d'une critique sociale et politique suscite l'émergence de formes qui placent la rhétorique décorative dans le champ de l'expérience et de la phénoménologie (performances, art minimal, art conceptuel, land art, etc.). La démarche décorative évolue aujourd'hui vers un espace improbable, jouant alternativement de l'exaltation, de la convivialité, du constat d'une naïveté feinte ou avouée et d'un cynisme éventuel.

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