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Voir / le temps / en couleurs. Les défis de la photographie

LA COLLECTION EN PRÊT EN FRANCE

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© ADAGP

Gerhard Richter, Kerze n°511/1, 1982 © Yves Bresson/Musée d'Art Moderne de Saint-Étienne Métropole 

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Prêt de l'œuvre de la Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes :

Gerhard Richter, Kerze, 1982
L’exposition VOIR / LE TEMPS / EN COULEURS. Les Défis de la photographie esquisse un regard sur l’histoire de la photographie en interrogeant la nature même de ce médium, à l’aune de la démultiplication des images numériques. Dans cette investigation, Sam Stourdzé, commissaire de l’exposition, procède par friction, hybridation, contamination et confrontation, en décloisonnant la discipline.


L’essai historique rédigé par Walter Benjamin en 1935, L’œuvre d’art à l’époque de la reproductibilité technique, pose les bases du grand défi auquel l’émergence de la photographie a confronté tous les arts au XIXe siècle : la désacralisation de l’œuvre par sa possible reproductibilité, immédiate et infinie. Si la notion de reproduction est au cœur même du processus photographique, les artistes ont continuellement tenté d’en réinventer les enjeux, qu’ils soient formels ou conceptuels. Pour Constantin Brancusi, photographier ses propres œuvres ne relève pas du souci documentaire mais constitue bien une incarnation de sa pensée sur ses sculptures. Les multiples vues qu’il réalise de ses œuvres dans l’atelier révèlent son ambition de la mise en scène, ne laissant au hasard aucun détail, de la position du socle à l’éclairage, en passant par les fonds de couleur pour maîtriser la lumière. C’est d’ailleurs à cette unique activité qu’il se consacrera les dernières années de sa vie, sans entamer de nouvelles séries.

Depuis l’invention de la photographie, les enjeux esthétiques suivent progressivement les révolutions techniques et certains scientifiques ont contribué à repousser les limites du médium. En ce sens, le professeur d'ingénierie électrique au Massachusetts Institute of Technology (MIT), Harold Edgerton, a bouleversé notre perception de l’instantanéité en inventant la photographie stroboscopique moderne. À la différence de la photographie au flash qui immortalise un moment unique, le stroboscope à plusieurs éclairs permet de saisir une série d'images sur un seul négatif, et ainsi de dépeindre, en une image, un objet en mouvement rapide. La goutte de lait qu’il parvient à capter dans sa chute, à la seconde précise où elle rencontre une surface plane, incarne à elle seule une volonté d’exposer le passage du temps. Obsédé par cette recherche, il y consacra deux décennies, entre la première couronne formée par l’éclaboussure qu’il réalise en 1936, jusqu’à la version en couleurs vives en 1957, qui frappe par son immense clarté visuelle.

Ultime défi justement, le rapport à la couleur témoigne des liens inextricables qui unissent la peinture et la photographie. Saul Leiter, l’un des grands photographes coloristes, a déclaré : « La peinture est glorieuse. J’aime la photographie, mais je ne suis pas certain que la photographie puisse faire ce que la peinture peut ». Et pourtant, il rendit en couleur ce que peu avaient réussi à transmettre avant lui. En jouant avec de grands aplats et des palettes souvent monochromes, Saul Leiter travaille la couleur, annonçant le travail de William Eggleston, Joel Meyerowitz ou Stephen Shore.

L'exposition rappelle l’importance de la photographie dans la découverte du monde tel que nous le connaissons. La photographie donne à voir, et, après coup, nous l’appréhendons comme une évidence, oubliant parfois que saisir l’image du monde, au-delà de sa subjectivité politique, est aussi un défi technique. A travers trois figures majeures développées, Brancusi, Edgerton et Saul Leiter, l'exposition reviendra sur quelques grandes conquêtes de la photographie.
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printed on November 13, 2024 [11:17] from IP address : 3.135.217.85
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