Soundtrack

L’œuvre Soundtrack s’inscrit dans le prolongement direct d’une série de trois œuvres d’Alexander Gutke réalisées entre 2005 et 2008. Exploded View (2005), Lighthouse et Univers (2008), utilisent un projecteur diapositives comme matière première et comme médium quand Soundtrack utilise un projecteur 16 mm. Alors qu’Exploded View projetait 81 diapositives sur lesquelles apparaissait l’intérieur d’un projecteur disséqué froidement, sorte d’autopsie livrant à l’imaginaire les parties cachées de l’appareil, Soundtrack se complexifie chaleureusement en projetant l’exploration filmique d’un projecteur en marche et en diffusant les multiples bruits enregistrés à partir de ce même projecteur. 

Comme souvent dans son travail, Alexander Gutke adopte ici un principe de mise en abyme. Le film 16 mm projeté donne à voir le mécanisme même de l’appareil de projection. Il montre ses rouages, ses circuits, ses lampes et le cheminement du film à l’intérieur de l’appareil, jusqu’à l’éblouissement. Parallèlement à cette exploration visuelle, l’œuvre déploie une dimension sonore correspondant à l’enregistrement des sons produits par le projecteur 16 mm. À partir de ces bruits accumulés et travaillés, Alexander Gutke crée une véritable «bande-son », proche des expériences de musique bruitiste. Ces données visuelles et sonores investies dans une mise en boucle infinie, révèlent ainsi la part de poésie d’un appareil voué à disparaître.