Slush fund

Slush Fund est un élément de The Infinite Debt [La dette infinie] organisée à la galerie gb agency, exposition qui révèle l'existence d'une société-écran au nom évocateur, Trust, créée par l'artiste. Des indices épars, polluant discrètement l'espace, permettent de déceler la présence de cette société qui vient se superposer, comme en filigrane, aux activités de la galerie. En outre, des portants de vêtements, suggérant une utilisation précédente de l'espace pour un défilé de mode, font naître un sentiment d'après-coup ; de même l'impression d'un départ précipité de la firme dont il ne reste que des traces tangibles accentuant l'irréalité, comme un écran de fumée sur le point de se dissiper.
La caisse en elle-même dissimule dans son double fond une preuve de la (fausse) liquidation de la société fictive. La simulation de la banqueroute est poussée au point que l'exposition, identifiée à Trust, a été effacée des archives du site de la galerie.

Si le terme de Slush Fund [Caisse noire] renvoie aujourd'hui à des activités de corruption liées à la pègre ou à la criminalité en col blanc, à l'origine le terme désignait une caisse de sécurité sociale clandestine des employés de l'industrie ferroviaire aux États-Unis. Le terme de « caisse noire » vient du fait que, passant entre les mains charbonneuses des ouvriers, la caisse finissait par se noircir. En jouant avec les notions de circulation et de secret, Eva Barto crée une fantasmagorie capitaliste, entre activités licites (la privatisation de la galerie pour la fashion week) et illicites (le détournement de fonds induit par la caisse noire).