Nessuno conosce se stesso [Nul ne se connaît soi-même]

L’œuvre est issue d’un ensemble plus vaste, le Projet Elck, mené par Sara Rossi en 2001-2002 à Manciano (province de Grosseto en Italie) et qui repose sur une réinterprétation contemporaine de l’allégorie Elck (1558) de Pieter Brueghel dit Bruegel l’Ancien (1525-1569).
L’œuvre peut être parfois accompagnée de l’installation vidéo, Elck (Ognuno) [Elck (Chacun)] qui reprend « en mouvement » la composition de la photographie.

Le titre Nessuno conosce se stesso se traduit par « nul ne se connaît soi-même » et fait explicitement référence, tout comme la photographie elle-même, à la gravure de Bruegel l’Ancien intitulée « Elck » ou Chacun (1558). À l’intérieur de ce dessin, Bruegel a pris soin de figurer un cadre où l’on voit un homme se regarder dans un miroir. Dans la partie inférieure du tableau, on peut y lire un proverbe flamand de cette époque, le même qu’utilisera plus tard Sara Rossi. Bruegel observe avec raillerie et perspicacité l’homme qui se perd dans sa propre image, tellement occupé par la ruse et l’esprit de lucre, ou l’ardeur égoïste, allant jusqu’à la caricature.
Il semble que le sourire du paysan dans la photographie de Sara Rossi traduit, davantage que la folie humaine, une forme de félicité retrouvée dans la nature. Elle déplace ainsi ce double-portrait dans un environnement naturel dominé par l’eau. Thème récurrent chez l’artiste, l’eau est ici soumise aux variations climatiques –  elle est à la fois liquide, glace, brouillard et nuage – et symbolise l’énergie transformatrice des phénomènes naturels.