Le rêve des châteaux de sable

Sous le titre Le rêve des châteaux de sable sont rassemblées dix lithographies éditées par l'URDLA (Centre international estampe et livre). De cette série aux teintes naturelles (ocre, terre brûlée, bleu) émergent des formes ténues, d'un minimalisme évocateur ; créneaux, vagues ou tourbillons schématiques dessinent les contours d'une architecture onirique, dérisoire, archétype de l'enfance et de l'oubli.
Le rapport au paysage, très présent dans la sculpture de Marie Bourget, prend ici une tonalité nostalgique : l'artiste parvient à suggérer, avec très peu de moyens, une plage et ses châteaux de sable qui disparaissent, érodés par la marée. Ce motif entretient également un rapport sémantique avec le médium employé : le sable, abrasif, est en effet utilisé pour poncer et polir la pierre lithographique, lors de l'étape dite du grainage. Dans ce jeu entre construction et destruction, entre naturel et artificiel, il reste une ambiguïté, présente dans l'énoncé du titre même : sont-ce les châteaux qui rêvent ou bien l'artiste qui rêve de châteaux ? De châteaux en Espagne peut-être, selon l'expression bien connue pour désigner quelqu'un qui élabore des projets grandioses qui jamais n'aboutissent mais restent à l'état de promesses ; telle Marie Bourget, créatrice d'architectures impossibles et de sculptures imaginaires.