Corps à corps

Bien qu’Andrée Philippot-Mathieu fréquente les artistes de la Transavanguardia italienne, tout comme elle expose régulièrement avec ceux de la Figuration Libre dans les années 1980, son langage pictural demeure propre et singulier. La toile Corps à corps (1985) honore une technique qui lui est chère, où se mêlent pâte à papier et acrylique. Les couleurs aux tonalités ocre et bleue sont fidèles à Figures en liberté¹, série dont cette peinture fait partie.
Ici est représentée une scène dont l’ambiguïté est absolue : un angle de mur évoque l’intérieur d’une maison, le sol rocheux suggère un extérieur tandis que la narration entre les deux hommes questionne. S’affrontent-ils ? Les visages sont sereins, la position des deux corps est sans violence, sauf la marque rouge qui peut trahir une certaine hostilité. Le titre de l’œuvre ne nous renseigne pas sur les véritables motivations qui animent ces jeunes gens. C’est « l’expression littérale de ce que l’on croit voir² », rendu magistralement par le « caractère sculptural et théâtral³ » de la scène.

1 Série de 80 peintures réunies sous le titre Figures en liberté.
2 Guy Argence, Kanal Magazine, n° 19-20, mai 1986, p. 42.
3 Dolène Ainardi, Artpress, n° 108, novembre 1986, pp. 68-69.