Jean-Louis Schoellkopf
Nourritures
1993
Tirages Cibachrome
Entre 1986 et 1996, en parallèle de ses recherches sur le monde industriel, Jean-Louis Schoellkopf photographie de manière systématique ses repas en préparation afin de décrire son malaise par rapport à l’évolution de la ville. Il capture sans mise en scène, sans éclairage, ses ingrédients, posés sur la table de sa cuisine, avant leur cuisson. Intrigué par le passage du cru au cuit et par l’usage contemporain de la congélation et du micro-onde, il tisse un lien intime entre l’architecture et la nourriture : « Peut-être l’architecture actuelle entretient-elle avec toute l’architecture qui l’a précédée le même rapport que le congelé avec le cru (matériaux préfabriqués, emballés, prêts à l’emploi) ?1 ». Installé à Saint-Étienne, il s’attache à révéler « le travail du corps2 » dans le milieu minier : « une ville minérale, ville noire de charbon, une ville (…) du feu souterrain3» et envisage cette série comme la réalité crue de son quotidien dans l’obscurité naturelle de son appartement. Ce projet apparaît ainsi comme une parallèle de ses observations sociales.
1 Jean-Louis Schoellkopf, extraits de ses Notes sur le travail effectué à St-Étienne entre 1986 et 1996.
2 Idem.
3 Ibid.