Retrait de l'artiste, en deux personnes

Né d’une commande faite à Philippe Lacoue-Labarthe à l’occasion d’une exposition, l’ensemble de collages regroupé sous le titre Retrait de l’artiste, en deux personnes est une forme de création dialogique menée par l’auteur et le peintre François Martin à partir de clichés d’eux-mêmes pris dans un photomaton. Volontiers qualifiée d’ « essai » par Lacoue-Labarthe, leur œuvre commune aborde le genre de l’autoportrait, tout en proposant une réflexion sur « les questions problématiques du psychologisme, de la ressemblance, de l'identité et du narcissisme¹ ». Évoquant le travail de la série dans la peinture de François Martin, l’écrivain n’hésite pas à se référer au champ musical de l’improvisation jazz, en parlant de thème et de « standard », l’analogie étant tout aussi valable pour la présente œuvre. Il note que « c’est dans de telles limites que peut s’éprouver, sur le mode du jeu, une liberté réelle² ». Retrait de l’artiste, en deux personnes résulte d’un jeu de révélation et de recouvrement des deux figures par la forme, la couleur mais aussi par l’écriture. Remise en question de l’autorité de l’artiste, l’œuvre est définie par Philippe Lacoue-Labarthe comme « une auto-(bio)graphie que sanctionnent deux signatures³ ».

¹ Christine Bernier, « Portrait de soi », ETC, n° 68, Montréal, 2004-2005. Ce texte peut être consulté sur le site internet :
www.erudit.org/culture/etc1073425/etc1124252/35160ac.pdf
^{2 3} Philippe Lacoue-Labarthe, François Martin, Retrait de l'artiste, en deux personnes, Éditions MEM/Arte Facts, FRAC Rhône-Alpes, Lyon, 1985.