Thomas Struth

Eleonor and Giles Robertson, Edinburgh

1987

Tirage couleurs, à développement chromogène
60 x 80 cm
41,8 x 59 cm (hors marge)

Eleonor and Giles Robertson, Edinburgh (1987) fait partie d'une série de photographies de familles en intérieur débutée par Thomas Struth au milieu des années 1980. Caractérisées notamment par leur objectivité, ses œuvres ont souvent été réalisées avec un appareil grand angle du même type que celui dont il se servait pour capter l'architecture. Ses photographies sont basées sur un modus operandi récurrent qui consiste à laisser aux modèles le choix de leur place et de leur posture dans un espace délimité (les limites spatiales de la photographie), tout en leur demandant de regarder directement l'objectif de l'appareil. La longue durée d'exposition oblige la tenue de la pose et donne un aspect statique qui renvoie aux conventions de la photographie de portrait du XIXe siècle. Le regard direct souligne l'objectivité de la scène, nous sommes ici dans une représentation délibérée qui ne révèle peu ou rien de la personnalité des modèles mais tend à mettre en rapport l'individu et l'histoire collective. Les portraits de groupe de Thomas Struth fonctionnent comme des scènes de genre, et appellent à l'introspection. Le flux des détails et le soin apporté à l'image contribuent à l'immersion totale du regard.
Giles Robertson a été le modèle de plusieurs œuvres de Thomas Struth dans lesquelles il figure seul. Il pose notamment avec ses livres et renvoie l'image d'un homme cultivé (Giles Robertson (Smiling) et The Late Giles Robertson (With Book), Edinburgh 1987). Dans la photographie Eleonor and Giles Robertson, Edinburgh, c'est la figure du couple qui se donne à voir. Alors que Giles, souriant, les mains croisées posées sur une table, regarde à l'extérieur du cadre, Eleonor, accoudée, la main soutenant sa tête, fixe l'objectif droit devant elle. Le couple est élégant et il émane de l'image une certaine tendresse qui la distingue de la plupart des clichés de Struth. Cette œuvre se signale par la force émotive qu'elle dégage. Elle peut être lue comme une allégorie sur la brièveté de la vie (figurée par les regards divergents, la fenêtre ouverte de Giles qui répond à la porte fermée de Eleonor…). Malgré la rigueur du dispositif, les modèles parviennent à faire émaner de cette histoire collective (sociologique) dont ils sont les indices (les modèles), une forme de bienveillance et de sympathie tout à fait personnelle. Sans doute est-ce là une des qualités premières de l'œuvre de Thomas Struth, laisser des brèches s'ouvrir, là où tout semble fermé, et offrir à Eleonor et Giles Robertson la possibilité de dire l'indicible par l'image.

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Yves Bresson/Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole © Thomas Struth

Thomas Struth, Eleonor and Giles Robertson, Edinburgh, 1987 Yves Bresson/Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole © Thomas Struth

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printed on November 22, 2024 [13:29] from IP address : 18.217.10.200
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