L’Ours jaune

En 1977, Christian Boltanski commence la série des Compositions qui mettent en œuvre des procédés de peinture avec les moyens de la photographie et à partir de sujets dérisoires : grands formats, frontalité de la prise de vue, fond uniformément noir sur lequel se détachent des objets de couleurs vives, dans une mise en scène et un éclairage savamment étudiés.
« Les éléments qui rentrent dans mes Compositions sont choisis pour leur valeur émotionnelle. Les jouets m’intéressent en tant qu’ils sont représentation culturelle du réel. Le fond noir est destiné à supprimer l’espace naturaliste, à placer les objets hors perspective. Mais, plus profondément, je désire que mes Compositions tiennent pour le spectateur un peu le même rôle que le jouet pour l’enfant : images codifiées et collectives de la réalité, elles sont aussi, chez chacun, déclencheurs d’histoires particulières » (Christian Boltanski, Compositions, entretien avec Suzanne Pagé, Paris, 1981, p. 6).
Pour L’Ours jaune, l’artiste rassemble les éléments de ce qui pourrait être une fête d’anniversaire enfantine (peluche, gâteau, cadeau), dans une nature morte particulière qui renvoie à une image de bonheur simple et révolu.
Pour L’École, l’artiste rassemble des objets qui relèvent moins d’un contexte scolaire que du monde ludique qui s’y attache : l’ardoise, le taille-crayon/ mappemonde et la carte de France en plastique sont proches de l’univers des jouets. Désuets, ils figurent tels les vestiges de mondes révolus, celui de l’enfance et celui d’une autre époque.