Sans titre

Les photographies de la série Sans titre (1981) sont des tirages noir et blanc gélatino-argentiques sur papier baryté, technique qui apporte aux épreuves de la brillance et du contraste.
Chaque photographie est composée de trois à cinq « fenêtres » qui donnent à voir une scène muette et saccadée, à l’instar d’une pellicule de film. Chaque temps est photographié selon le même cadrage, les mêmes réglages. Ce dispositif permet ainsi à l’œil de capter les changements, parfois infimes, d’intensité de lumière, de mouvements dans le décor. Jacques Damez fixe ici quelques silences arrêtés où le corps se fait quasi fantomatique, laissant alors une traînée ombrée sur le tirage. Selon lui, « le photographe doit danser avec l’espace pour imposer sa distance et reconstruire sa réalité ».
Réalisée au début de sa carrière, la série Sans titre sera suivie par de nombreux travaux reprenant ce principe d’unité du cadrage, parfois au sein d’un même tirage comme pour Séquence (1985), parfois construit comme une série entière, La nuit des treize lunes (1994), enregistrement répété de sa fille en train de dormir, où ne varie que le changement de postures, de vêtements.
Au sein de contraintes de prise de vue que l’artiste se donne et par une observation scrupuleuse du réel, Jacques Damez s’intéresse à l’écart subtil entre présence et absence, et à un paysage recréé par le regard.