Ange Leccia

Le Baiser

1985

Œuvre en 3 dimensions, installation avec de la lumière
2 projecteurs de cinéma sont allumés face à face le plus près possible l'un de l'autre et posés au sol

Sur le même principe que pour Conversation (1985), où l’artiste « fait dialoguer deux projecteurs posés sur deux fauteuils : face à face », Le Baiser unit la lumière de deux projecteurs de cinéma posés au sol, où « les rayons se croisent et évoquent une conversation, un rapport humain », en un contact pudique et évanescent qui fait allusion à la chaleur émouvante d’une rencontre amoureuse. À son propos, l’artiste dit : « le projecteur de cinéma est toujours en mouvement, toujours en éveil, l’espèce de rotation qui le meut me rappelle quelque chose de vivant. La palpitation du cœur… ».

Ange Leccia adresse un clin d’œil au Baiser de Constantin Brancusi mais aussi au baiser générique du cinéma. L’étreinte des rayons lumineux est une métaphore du dispositif de l’illusion cinématographique qui fait naître le désir sur l’écran comme dans la salle obscure.
Si la référence à Brancusi est évidente, le mode sculptural est très différent : l’œuvre de ce dernier se présente comme un bloc de pierre à peine dégrossi au sein duquel viennent s’inscrire deux bustes vus de profil et accolés l’un à l’autre. Vus de face, la finesse de la jonction entre les bouches, les yeux et les bras donnent l’illusion d’un seul et unique visage. Dans cette démarche, Constantin Brancusi recherche l’ « essence cosmique de la matière ». Pour Ange Leccia, l’utilisation des objets manufacturés s’inscrit davantage dans une personnification de ceux-ci et dans l’expression de la chaleur des échanges humains.

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Ange Leccia, Le Baiser, 1985 © ADAGP

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