Né en 1946 à Lièpvre (France)
Vit et travaille à Besançon et à Vuillafans (France)
Tout comme son œuvre, le parcours de Gérard Collin-Thiébaut est colossal et rétif à une synthèse. L’artiste a réalisé de nombreuses expositions personnelles dès les années 1980, parmi lesquelles on peut citer : Le Peintre parcourt sa propre exposition au Nouveau Musée de Villeurbanne (1983) ; La culture artistique montant à fleur de peuple, ARC, Musée d’Art Moderne de la Ville de Paris (1983-84) ; Et si c’était de l’art ? au Nouveau Musée/Institut, Villeurbanne (1996). En 1996 également, il ouvre L’Atelier d’aujourd’hui au Mamco de Genève. Gérard Collin-Thiébaut participe à diverses expositions collectives comme Voilà – Le Monde dans la tête au MAMVP, et Partage d’exotismes, 5e Biennale d’art contemporain de Lyon, en 2000.
L’œuvre de Gérard Collin-Thiébaut se nourrit de l’histoire de l’art, de la philosophie, de la littérature, et construit depuis plusieurs décennies un système complexe de références, d’images et d’objets. L’artiste élabore ainsi une œuvre totale dans une sorte d’inventaire du monde. Gigantesque, inextricable, énigmatique et archivistique, l’œuvre de Gérard Collin-Thiébaut résiste à toute étiquette ; articulée à une dimension autobiographique, elle s’ouvre aussi à l’espace public.
De 1969 à 1980, suivant les conseils de Jean Dubuffet, Gérard Collin-Thiébaut refuse toute monstration d'œuvres afin de se consacrer à des Oisivetés, c'est-à-dire des collectes d'objets « insignifiants, mais révélateurs de la vie quotidienne1». Il réalise également de nombreuses Séries comme les NGA et VGA (Nouveaux et Vieux gestes artistiques), des Ready-mades sauvages, les A tachés d’en bas, les I radiés, et des peintures sous forme de puzzles, les Transcriptions. À partir de 1980, il condense des dispositifs audiovisuels, puis à partir de 1990, il s'inscrit dans la réalisation d’une œuvre totale : la Maison d’un artiste, clin d’œil aux frères Goncourt, une propriété dans laquelle il vit périodiquement. Il expose notamment Les visiteurs au musée du Louvre en 2009, et, Grammaire sentimentale, au Frac Franche-Comté, à Besançon, en 2017. Il réalise régulièrement des œuvres dans l'espace public, notamment un mémorial au Quai Branly à Paris, en 2001, ou encore une installation aux Archives départementales de la Gironde, à Bordeaux, en 2012. Son œuvre décline les thèmes de la conservation, de la collection, du classement en questionnant les relations entre signifiants et signifiés, dans une filiation clairement duchampienne. L'artiste précise facétieusement: « La proximité de la Suisse me fera comparer, non sans prétention, ma démarche artistique aux montres à complications, réservées à un public averti2 ». D’après Michel Nuridsany, «l’œuvre de Collin-Thiébaut se nourrit indéniablement de l’histoire de l’art et opère toujours un geste à partir de celle-ci. Collin-Thiébaut n’abolit pas le geste artistique, il met en évidence quelque chose d’autre, où l’invention n’aurait pas la première place : une attitude, une retenue extrême3 ».
1 http://www.frac-franche-comte.fr/scripts/fiche-exposition.php?id_expo=2
2 http://www.lefresnoy.net/fr/ecole/artistes-professeurs-invites/gerard-collin-thiebaut
3 Michel Nuridsany, cité par Florence Andoka : https://www.zerodeux.fr/news/gerard-collin-thiebaut/