née en 1968 à berlin (allemagne)
vit et travaille à berln (allemagne)
Peintre et sculptrice, Isa Melsheimer a étudié entre 1997 et 1999 à l'Académie des arts de Berlin, où elle a suivi l'enseignement de Georg Baselitz. Son travail, fortement influencé par la modernité architecturale et son rapport avec l'environnement, a fait l'objet de nombreuses expositions monographiques notamment à la Chinati Fondation de Marfa (Texas) en 2005, au Carré d'art de Nîmes en 2010, à l'IKOB, Musée d'Art Contemporain d'Eupen (Belgique) en 2014, au MAMAC de Nice en 2021, au Centre International d'Art et du Paysage, Ile de Vassivière en 2022. En 2015 elle a obtenu le prix Marianne Werefkin.
Les « entre-mondes » que fabrique Isa Melsheimer questionnent les organisations humaines et les impensés sociaux de la planification urbaine. Elle utilise des techniques artisanales « modestes » – broderie, gouache, céramique – qui se confrontent aux grands mythes de la modernité et à la monumentalité de ses architectures. Sculptures et installations fonctionnent comme des miniatures de mondes parallèles, espaces imprévus qui s'auto-organisent, comme les habitats précaires que l'on rencontre parfois à l'abri des piliers d'une bretelle de périphérique. L'installation Platz [place] (2004) par exemple, avec son matelas brodé de graffitis, reprend les codes des squats qui se développent au sein d'un urbanisme bétonisé en voie de désagrégation. Pour Isa Melsheimer les architectures sont comme des métabolismes en constante évolution. Ses maquettes en béton et céramique reproduisant des bâtiments modernistes se comportent comme si elles étaient douées d'une vie propre, pleines de bactéries, de mousses, de plantes ; ensembles qui forment des organismes autonomes. Ainsi dans sa série Metamorphosis (2021) de célèbres villas de la Côte d'Azur sont « colonisées » par des larves de charançons rouges, qui parasitent les emblématiques palmiers de la Riviera.
« A quoi cela ressemblerait de vivre dans les ruines du capitalisme ? » se demande Isa Melsheimer1. Le processus d'entropie qui semble atteindre ses pièces, au-delà de créer un choc esthétique entre fonctionnalisme et décomposition, souligne aussi le devenir-ruine de toute construction humaine et l'échec des utopies portées par les avant-gardes du XXe siècle.
1 Conférence tenue à l'Ensad de Limoges le 22 mars 2022. Cette réflexion fait écho au sous-titre du livre d'Anna L. Tsing, Le champignon de la fin du monde - Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, Paris : La Découverte, 2017.