née en 1980 à londres (ROYAUMe-UNI)
VIT ET TRAVAILLE À NEW YORK (ÉTATS-UNIS) ET LONDRES (ROYAUMe-UNI)
Patricia L. Boyd a étudié la littérature anglaise à l'université d'Oxford avant de se tourner vers l'art. Elle sort diplômée du Chelsea College of Art and Design en 2009 puis obtient une bourse d'état à la New York Psychoanalytic Society & Institute (2020-2021). Elle a exposé en solo à la Secession, Vienne (2022), au Kunstverein de Munich (2021-2019), au Cell-Project à Londres (2019, avec Rosa Aiello), à la Galerie 80WSE de l'Université de New York (2017). En 2013 elle a participé à la 12e Biennale de Lyon.
Patricia L. Boyd affirme ne pas avoir de médium de prédilection : moulages, photogrammes, vidéos, ou installations, ses œuvres sont le résultat de l'observation de sa vie quotidienne, qu'elle conçoit comme « une enquête ». Son style en apparence froid et analytique conserve néanmoins la trace d'une activité émotionnelle, qui se manifeste à la surface des choses. Les procédés d'inversion, récurrents dans son travail (déclinés sous forme d'empreinte, de négatif), révèlent de cette manière une expérience intérieure incommunicable. Si « la forme est la manière dont chacun habite son corps1 », comment le corps habite-t-il le monde et comment le monde est-il conçu pour accueillir nos corps ? Cette question à la fois esthétique et politique pousse Patricia L. Boyd à sonder la zone de contact entre nous et le monde, frontière ou seuil invisible (comme une paroi de plexiglas percée de trous pour laisser passer l'air et le son). Son travail, en incluant en lui-même la négociation permanente avec les institutions qui l'accueillent (on peut citer Hold au Kunstverein, ou la vidéo Operator), vise à dévoiler l'armature idéologique de notre société, ou pour le dire en termes marxistes, la superstructure à l’œuvre dans les infrastructures.
Minutes, Hours or Days (2021) relève d'une tension entre public et privé : l'intime fait irruption dans l'espace institutionnel et se met à parler son langage. À l'échelle, des photogrammes reproduisent en négatif l'ouverture des fenêtres de l'appartement new-yorkais de l'artiste. Déplacés au Kunstverein de Munich, ils rendent visible l'opacité des murs mais aussi les ouvertures du lieu, à la faveur des projections de lumière extérieure. Selon Boyd, la psychologie des institutions transparaît à travers les éléments architecturaux qu'elle réemploie dans son travail : murs, fenêtres, seuils, sol... En créant des frictions, des écarts ou des obstacles, ses œuvres nous font prendre conscience que l'espace d'exposition n'est jamais neutre, mais incarne la forme tangible de l'ordre symbolique du pouvoir.
1 « Contact Barrier: Patricia L. Boyd in conversation with Dora Budor ». Mousse Magazine, 05/07/2021. https://www.moussemagazine.it/magazine/patricia-l-boyd-dora-budor-2021/