Né en 1977 à Melbourne (Australie)
Vit et travaille à Berlin (Allemagne)
Né en 1977, Gerry Bibby est un artiste d’origine australienne dont la pratique, s’inscrivant en large partie dans la tradition de la « critique institutionnelle », mêle sculptures, installations, textes et performances. Ses œuvres ont notamment été exposées au Kunsthaus Bregenz, à l’Artist’s Institute de New York ainsi que lors de manifestations telles que les Biennales de Lyon et de Sydney. En 2022, Gerry Bibby est invité au Kunsthaus Hamburg dans le cadre de l'exposition LO(L) – Embodied Language.
Après de brèves études en architecture en 1995 au Royal Melbourne Institute of Technology, Gerry Bibby s’investit plusieurs années dans l’activisme politique et les pratiques sociales collaboratives, période également déterminante dans la formation de sa pratique à venir. Il décide ensuite d’étudier la sculpture au Victorian College of the Arts de Melbourne et obtient un Bachelor en arts visuels en 2000 puis part étudier au Sydney College of the Arts dont il ressort diplômé en 2003.
Depuis ses débuts, Gerry Bibby place le texte au centre de son travail et considère l’infrastructure institutionnelle comme un site de production. Ses interventions sculpturales fragiles et performatives, à la fois précises et complexes, déconstruisent l’espace d’exposition et montrent souvent ce que l’on ne voit pas, ce à quoi l’on n’a pas accès. Their Time in the Oval Office (Remains) (2009), fruit de sa collaboration avec Sean McNanney pour une exposition à la Kunsthalle Baden-Baden, l’a amené à utiliser une pièce du musée pour y installer, pendant une semaine, un espace de vie intime fermé au public. À la fin de cette résidence temporaire, tous les objets de la pièce furent transportés dans l’espace de la Kunsthalle et disposés d’après une scène du film Les Damnés (1969) de Luchino Visconti.
Pour Compensation Action (2010), il demande à quatre amis de se relayer au coin d’une table amputée d’un pied (par l’artiste, en référence au personnage de femme amputée d’une jambe dans Tristana, le film de Luis Buñuel réalisé en 1969) afin qu’elle puisse toujours servir à y poser des objets. À la fin de la performance, Bibby remplace le pied enlevé par une prothèse en noyer qu’il a construite. S’intéressant davantage aux coulisses qu’à la scène, aux jeux de réseaux qui construisent une institution plus qu’à son image publique, Gerry Bibby endosse fréquemment différents rôles généralement laissés dans l’ombre. Après avoir choisi d’organiser logistiquement un séminaire plutôt que d’y participer (Roadie [Voice throwing], 2013), il réalise la même année avec I Am a Receptacle for Your Extremities une action du même type lors de la Frieze Art Fair, foire d’art contemporain à Regent’s Park à Londres. Creusant des trous dans le parc, il s’aperçoit que le sol recèle des coquilles d’huîtres, l’architecte de la foire lui apprenant par la suite que les huîtres étaient abordables au XIXe siècle et faisaient partie de l’alimentation commune de la classe ouvrière. Frappé par cette anecdote, Gerry Bibby décide de nourrir d’huîtres les régisseurs pendant toute la durée du montage de la foire. Une fois les coquilles vides recueillies, il les trempe dans une mixture de latex coloré et les dispose dans le parc comme les restes de la performance.
En 2014, son installation au Kunsthaus de Bregenz, intitulée The Drum Head. Act 4. Tectonic Mnemonic, figure une plateforme faite de fragiles cartons imprimés d’un motif de briques, quelques chaises, des bouteilles d’eau et des fruits et légumes dispersés un peu partout. Des livres, des catalogues et des textes imprimés étaient coincés sous les planches et au centre, une imprimante digitale avec des feuilles imprimées. À cette époque, Bibby est également en résidence à Bregenz pour l’écriture d’un ouvrage et cette installation en symbolise le travail solitaire. L’imprimante étant connectée à l’ordinateur de l’artiste, elle pouvait théoriquement recracher des pages d’un manuscrit en train d’être composé. Là réside toute la singularité et la force du travail de Gerry Bibby, celle d’une redéfinition inventive d’un art processuel, un processus sans limite tramé de stratégies complexes et de subversions ludiques.
