« ERI SÁLI » (2019) LE MULTIPLE DE DANIEL STEEGMANN MANGRANÉ

Par Gérard Pélisson

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→ Vous avez fait l’acquisition du multiple de Daniel Steegmann Mangrané intitulé Eri Sáli qui a été produit par les Amis de l’IAC, lors de l’exposition personnelle de l’artiste Ne voulais prendre ni forme, ni chair, ni matière en 2019 : qu’est-ce qui vous a plu dans cet objet ?

G.P : Avoir su conserver l’absolue légèreté d’une feuille d’arbre naturelle alors que sa composition est faite de métal, proposer une fragilité de l’œuvre au cœur d’un coffret protecteur un peu grand pour elle, qui aurait pu lui conférer un statut de nouveau-né dans son berceau, alors que c’est l’impression d’un corps mutilé dans son cercueil qui nous apparaît.
Cette feuille a été comme perforée par des balles, rongée par des vers, détruite par l’homme peut être aussi ?
Il semblerait que le passé personnel autant qu’artistique de Daniel Steegmann Mangrané nous conduit à reconsidérer la nature et l’environnement par son regard quasiment accusateur lors de la découverte de cette œuvre au fond de son sarcophage lors de l’ouverture du coffret de bois.
S’agit-il du dernier vestige d’une nature autrefois luxuriante ?
Se serait-elle dissimulée, revêtue d’un camouflage, pour disparaître dans le feuillage brun du sol amazonien ?
En tout cas cette œuvre interpelle par son invisibilité au premier regard, sa fragilité à sa découverte, et sa force dans l’énergie qu’elle dégage de ses questionnements ensuite.

→ Ce multiple a été produit dans le cadre d’une exposition présentée à l’IAC. Qu’est-ce que vous avez aimé dans cette exposition, dans le travail de l’artiste ?

G.P : Il sait transposer l’approche d’une sensibilité à la nature, à l’écologie, aux forêts tropicales, en un message d’alerte et de jonction avec le monde actuel.
Jeux de lumière qui guident les pas du visiteur, rythmes naturels du temps, c’est en quelque sorte le retour aux sources de la nature, de l’ère et de l’être primaire.

Pour vous, ce multiple est-il rattaché à l’exposition ?  Est-il un moyen d’en garder une trace, un souvenir ?

G.P : Oui et non.
Certes l’exposition avec ses variables et ses raisons temporelles trace une ligne pour le multiple, mais personnellement je laisse les deux expériences très différenciées.

→ Comment vous positionnez-vous en tant que collectionneur face à ce multiple ? Pour vous, est-ce qu’il rejoint une logique de collection, un fil directeur, ou bien est-ce un achat « coup de cœur » ? Comment le multiple prend-il place chez vous ?

G.P : Comme presque toutes les œuvres dont j’ai pu faire l’acquisition, en dehors du soutien à l’association des Amis de l’IAC qui publie ces multiples et qui révèle une raison supplémentaire à mon intérêt, c’est la première impression qui reste figée dès le premier regard, le premier contact. J’aime ou je n’aime pas. Je suis réceptif ou non.
Cela ne suit pas une logique de collectionneur. Je n’ai pas cette prétention de choisir ou classifier la liste de mes envies. Elles sont nombreuses, variées, illogiques parfois, cohérentes avec des lieux d’accrochage d’autres fois. Boulimiques, sages, ou déraisonnées, leurs seuls points communs sont le plaisir de les voir se concrétiser et de posséder un travail de réflexion d’un artiste un moment près de soi.
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