On Kawara

Whole and Parts : 1964-1995

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Une chose est à lire dans l’appellation donnée à ce double projet de publication et d’exposition : Whole and Parts [Tout et Parties]. Ce titre qualifie bien la structure et la portée de cette œuvre, à la fois générale et partielle, collective et individuelle, temporelle et universelle. Tel un nom de code, ce que ce titre ne dit pas, ce qu’il masque, concerne justement la liaison entre ces deux termes, entre le tout et les parties de cette œuvre hors du commun.

Whole and Parts s’ouvre sur des signes, la page d’un texte codé pour le livre et le carton d’invitation, celui des deux versions de One Million Years dans la première salle de l’exposition. Cette entrée en matière pose une redistribution des signes, elle établit le langage, le texte, tels des principes de base, au même titre que le temps et l’espace. Dans la seconde salle, une toile de Juillet 1969 réalisée le jour du retour de la mission Apollo 11 depuis le sol lunaire. Cette toile est l’un des plus grands formats jamais peints par On Kawara. Sa présence renvoie à la notion de déplacement, de mouvement, de pas. Chaque salle de l’exposition reconduit cette partition entre des événements ponctuels, marqués par des dates, des actes, des gestes, et leur propre mise en perspective selon des unités diverses.

Œuvre de paradoxes, l’œuvre de On Kawara se caractérise par ce mélange entre gravité et légèreté, insignifiance et tragique, ambition et modestie. Elle s’établit, dans la durée, comme une gigantesque construction, et pourtant ne se livre qu’à pas comptés, par fragments, dans le temps. Ce qui est en jeu dans les éléments de l’œuvre, c’est bien la question humaine, refoulée souvent, et pourtant inlassablement répétée, l’éternité et l’infini, l’ontologie et le quotidien. Chaque toile, mais aussi chacune des œuvres (I Met, I Read, I Went, One Million Years…), porte ces millions de questions mesquines et universelles à la fois, solitaires et communes.

L’œuvre de On Kawara échappe aux entreprises de réduction, déjoue l’unicité du sens, celle des catégorisations. Restreindre son projet à une représentation du temps et de l’espace, à une conceptualisation de ces données, relève d’une lecture superficielle, hâtive, non suffisante. Les modalités de son affiliation à l’art occidental (spécialement l’art conceptuel) offrent un bon exemple de ce type de manquement, bien que cette lecture corresponde au moment précis de l’évolution de l’art auquel On Kawara a participé de manière marquante, tout en restant indépendant, autonome, ailleurs.

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printed on March 29, 2024 [10:23] from IP address : 44.210.236.0
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