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Dernier avertissement / Last Warning

LI Yi-Fan

du  au 

L’Institut d’art contemporain (IAC) accueille la première exposition personnelle en Europe de Li Yi-Fan, figure montante de la scène contemporaine taïwanaise récemment choisie pour représenter Taïwan à la Biennale de Venise 2026.

Le projet réunit les dernières installations vidéo de l’artiste, dont la production repose sur un principe de DIY radical. Concevant ses propres outils au sein d’un moteur de jeu, Li Yi-Fan développe ses œuvres dans un processus d’expérimentation constant avec la machine, faisant de chaque projet un processus long et méticuleux. Dernier avertissement marque ainsi un point d’étape, offrant à la fois un regard sur une pratique en mutation permanente – toujours en avance sur sa propre obsolescence – et une réflexion sur notre rapport au virtuel, entre fascination, saturation et perte de repères.

L’avertissement est arrivé trop tard. Il s’est affiché sur nos écrans, répété jusqu’à l’épuisement, empilé parmi les notifications, les slogans et les urgences obsolètes. Comme une alerte système ignorée trop longtemps, il persiste en arrière-plan dans un monde qui s’est habitué à son propre chaos.

Avec ses installations vidéo, Li Yi-Fan ne se contente pas d’observer le virtuel : il le fabrique pour mieux le déconstruire. Son approche tient autant du hacker qui pirate des structures existantes que de l’artisan numérique. Il conçoit ses propres outils, écrit ses propres codes, détourne les langages du logiciel pour les plier à son propre système. L’artiste, à la fois  réateur et acteur, est partout. Pourtant, sa maîtrise est relative. L’image garde son autonomie, contraint les possibles et oblige son concepteur à composer avec les glitches et les bugs. La vidéo devient alors un espace de négociation : entre l’interface et le geste, qui décide ?

Il y a du jeu dans les œuvres de Li Yi-Fan, au sens propre et figuré. Des fameux « Big Boss » des derniers niveaux, aux gestuelles bien connues des gamers en passant même par les décors de certains jeux vidéo, l’artiste multiplie les références à ces espaces numériques où l’illusion du choix est régie par des règles invisibles. Pour nous accompagner, sa voix omniprésente, alterne entre sérieux et humour noir.

Ce Dernier avertissement n’a rien d’un message solennel. Il se moque de lui-même, conscient d’être déjà dépassé. Il s’inscrit dans un continuum où la vitesse d’accélération ne cesse de rendre chaque signal caduc presque aussitôt qu’il est émis. Son urgence est périmée, engloutie dans un présent où tout est trop rapide, trop dense, trop mouvant pour qu’un seul signal puisse retenir l’attention. Peut-être, au fond, n’y a-t-il plus rien à prévenir, seulement à observer ce qui se joue dans cet entrelacement du virtuel et du réel, assister au basculement pour prendre note de l’accélération d’un système qui tourne en boucle.

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i-ac.eu/fr/expositions/24_in-situ/2025/750_DERNIER-AVERTISSEMENT-LAST-WARNING
imprimé le 02 avril 2025 [02:17] depuis l'adresse IP : 18.191.201.27
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