Face à Arcimboldo

La Collection en prêt en France

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© Adagp, Paris - Crédit photographique : Blaise Adilon

Markus Raetz, Mimi, 1981

© Adagp, Paris - Crédit photographique : Blaise Adilon

Prêt de l'œuvre de la Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes :
Markus Raetz, Mimi, 1981
Vous qui allez, errant à travers le monde,
Curieux d’y voir hautes et stupéfiantes merveilles,
Venez-ci, où vous trouverez des...


Cette inscription destinée aux promeneurs du jardin de sculptures fantastiques de Bomarzo pourrait tout aussi bien accueillir les visiteurs de l’exposition Face à Arcimboldo présentée au Centre Pompidou-Metz, du 29 mai au 22 novembre 2021.

Née d’un dialogue entre l’artiste Maurizio Cattelan et Chiara Parisi, directrice du Centre Pompidou-Metz et commissaire de l’exposition avec Anne Horvath, l’exposition Face à Arcimboldo propose une visite inédite, à rebours de toute chronologie, dans les méandres de la pensée de ce peintre mystérieux du XVIe siècle, pour percer l’actualité de son vocabulaire.

Si les portraits composites d’Arcimboldo sont aujourd’hui universellement connus, la richesse et la diversité de son œuvre restent à découvrir. Giuseppe Arcimboldo (1526-1593) est un inventeur et un penseur dont les réflexions et les travaux dépassent la question de la représentation du visage dans la peinture. L’exposition montre combien son œuvre irrigue l’histoire de l’art depuis cinq siècles et vient éclairer nombre de débats philosophiques et politiques actuels.

Outre le caractère exceptionnel de la présentation des célèbres Saisons du musée du Louvre et de la Real Academia de Bellas Artes de San Fernando à Madrid, l’accent est mis sur ses œuvres les plus surprenantes : les vitraux qu’il a créés au tout début de sa carrière à la Cathédrale de Milan, les dessins à la plume et au lavis bleu de la Galerie des Offices pour les fêtes et les tournois de la cour des Habsbourg, ainsi que Le Bibliothécaire, qui frappe le regard par son langage profondément conceptuel.

Inaugurant la programmation de Chiara Parisi, à la tête de l’institution depuis décembre 2019, Face à Arcimboldo a été imaginée dans la lignée de la première exposition consacrée à l’artiste en Italie, au Palazzo Grassi à Venise en 1987, L’Effet Arcimboldo. Les transformations du visage au XVIe siècle et au XXe siècle conçue par Pontus Hultén, premier directeur du Centre Pompidou, avec Yasha David.

Face à Arcimboldo incarne l’actualité artistique à travers le regard de 130 artistes, dont le choix a été guidé par l’influence – assumée, inconsciente ou fantasmée – qu’exerce le maître lombard sur leur pensée et leur art. Chacune des 250 œuvres de l’exposition porte l’empreinte de la liberté créative d’Arcimboldo et suit un fil rouge qui traverse les siècles jusqu’à nos jours.

Conçue en béton cellulaire, la scénographie des architectes Berger&Berger suggère la cartographie d’une citadelle dans laquelle les générations, les géographies et les médiums s’entrechoquent.

Dès l’entrée de la Grande Nef du Centre Pompidou-Metz, le visiteur se confronte à l’expérience de l’installation de Mario Merz, recomposée avec ses trois parties pour la première fois depuis 1987 – l’Hommage à Arcimboldo, Cono et la Table de Chagny – où se succéderont, au rythme des jours, fruits et légumes. Head VI (1949) de Francis Bacon avoisine les collages d’Hannah Höch, Anders (Brighton Arcimboldo) (2005) de Wolfgang Tillmans jouxte l’Étude dans les catacombes de Palerme (1924) d’Otto Dix, Untitled (#155) (1985) de Cindy Sherman dialogue avec La Poupée (1935-1936) d’Hans Bellmer. Ailleurs, les fresques de Pompéi viennent illuminer les masques de la boutique dans laquelle James Ensor a passé sa vie.

Avec ses amples ouvertures, le parcours architectonique permet de croiser les nouvelles créations de Fernando et Humberto Campana, la monumentale fontaine phosphorescente Hills and Clouds (2014) de Lynda Benglis, l’impressionnant Gardien du jardin (XVIIe siècle), unique sculpture arcimboldesque existante, ou encore le cabinet secret de Prague du légendaire cinéaste surréaliste contemporain Jan Švankmajer. Plus loin, le portrait d’Antonietta Gonzalez (1594-1595) par Lavinia Fontana, du château royal de Blois, la vidéo de Pierre Huyghe, Untitled (Human mask) (2014) et les portraits de Zoe Leonard autour de la femme à barbe du Musée Orfila (1991) se côtoient.

À l’instar des Surréalistes qui avaient reconnu en la figure d’Arcimboldo une source inépuisable d’inspiration, et qui sont présents dans l’exposition avec une sélection de chefs-d’œuvre, issus notamment des collections du Centre Pompidou, ce face-à-face avec Arcimboldo est également porté par la scène contemporaine. Les oeuvres de Kerstin Brästch, Felix Gonzàlez-Torres, Rashid Johnson, Ewa Juszkiewicz, Cally Spooner, Hans-Peter Feldmann ou Ed Ruscha, témoignent à leur tour de l’importance de la vision d’Arcimboldo dans la formation de générations d’artistes, du passé comme du présent.

Dans le Forum du Centre Pompidou-Metz, l’installation Le désir attrapé par le masque, créée spécialement pour l’exposition par Annette Messager, se déploie sous la forme d’une farandole d’animaux masqués qui manifeste le bizarre et l’inconnu, l’affreux et le séduisant, et ouvre une réflexion sur l’hybridation.

Dans sa déambulation au rythme de confrontations inattendues, le visiteur est invité à faire l’expérience, de manière intuitive, des paradoxes entre l’être humain et l’animal, le végétal et le minéral, le naturel et l’artificiel, la brutalité et le raffinement, l’invention et la nostalgie, l’enracinement et le désir de départ. Des extrêmes qui apparaissent aujourd’hui plus que jamais nécessaires, comme l’est l’esprit d’Arcimboldo, pour pouvoir naviguer dans l’univers complexe de la création artistique.
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imprimé le 22 novembre 2024 [04:27] depuis l'adresse IP : 3.135.190.107
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