Sarkis

Né en 1938 à Istanbul (Turquie)
Vit et travaille à Paris (France)

Sarkis a étudié l’architecture à la Güzel Sanatlar Akademisi d'Istanbul, mais c'est déjà la peinture qui l'intéresse, et qu'il apprend en autodidacte grâce à des reproductions trouvées dans des livres ou des revues – il raconte ainsi avoir été profondément marqué par Le Cri de Munch, ou par les fresques des grottes d'Ajanta en Inde. En 1964 il s’installe à Paris où il trouve rapidement sa place (néanmoins atypique) dans le milieu artistique contemporain. Il a depuis participé à un grand nombre d'expositions, dont certaines devenues mythiques : on peut mentionner Quand les attitudes deviennent forme (1969), les documenta 6 et 7 (respectivement en 1977 et 1982), Magiciens de la terre (1989). En 2015, Sarkis représente la Turquie et l'Arménie à la Biennale de Venise.

« Une image est ce en quoi l'Autrefois rencontre le Maintenant dans un éclair pour former une constellation1 ». Cette phrase de Walter Benjamin pourrait résumer la carrière très prolifique de Sarkis, au long de laquelle l'artiste s'est obstiné à défaire les chronologies, à abolir les frontières spatiales et les limites entre vie et œuvre. Dans son travail, histoire collective et histoire de l'art s'articulent toujours au récit individuel. Rien d'étonnant lorsque l'on sait qu'un moment décisif dans la carrière de Sarkis (moment qui fait en lui-même partie du mythe) fut sa rencontre avec Joseph Beuys dans les années 1960. Beuys, dont la mythologie personnelle, la pratique et le positionnement radical vont durablement influencer le travail du jeune Sarkis, comme en témoigne une œuvre de 1969, consistant en une simple question : Connaissez-vous Joseph Beuys ? La citation, directe ou indirecte, d'artistes d'époques différentes, deviendra une constante dans l’œuvre de Sarkis. Des « conversations », ainsi qu'il les nomme, naissent de la rencontre d'éléments a priori disparates – objet archéologique, néon, aquarelle, coupure de presse, mobilier – grâce à ses installations, qui révèlent un réseau de relations formelles et conceptuelles. Tels des échos qui se répondent à l'infini, les œuvres se modifient, s'amplifient ou se répliquent au gré des différents contextes d'exposition. Pour Sarkis, figer une installation, la « muséifier », revient à la détruire ; c'est pourquoi chaque nouvelle présentation doit être une interprétation, qui en fait évoluer la forme comme le sens. « Chaque exposition est unique comme une œuvre d'art », dit-il2.
Dès son ouverture en 1994, le Mamco de Genève ouvre L’Atelier depuis 19380, sorte d’« atelier de voyage » pour l’artiste, espace de sédimentation du temps et de partition de la pensée.

Au-delà de la dimension conceptuelle, il y a dans l’œuvre de Sarkis une forme de dialectique qui s'avère s'épuiser à l'extrémité de la représentation et de l'intelligible. Ce basculement est notable dans l'usage qu'il fait du néon, qui de figure tracée devient diffusion lumineuse. Ainsi la Salle silencieuse Rouge et Verte (1987) à l'Abbaye de Tournus, instaure un dialogue impossible entre deux couleurs à la fois complémentaires et opposées, laissant seulement place au silence. Silence aussi des Blackouts (à partir de 1974), surfaces dont le noir opaque semble absorber la lumière ; synthèse soustractive à laquelle répondent les films à l'aquarelle qui, mettant en scène le rapport intime entre la main, l'eau et la couleur, composent un paradigme de l'apparition. Telle est peut-être la signification du zéro que Sarkis ajoute à sa date de naissance, renvoyant à un temps infini, futur ou antédiluvien : zéro du commencement ou retour au néant.

La collection

Sarkis

Le Forgeron

1985

La collection

Sarkis

Miroirs

1985

La collection

Sarkis

Le Forgeron dans le rôle de Kriegsschatz

1983

Éditions

Sarkis

3 mises en scène de Sarkis

1985

Le Nouveau Musée
La collection

Sarkis

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imprimé le 01 décembre 2024 [21:34] depuis l'adresse IP : 18.97.9.169
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