Thomas Ruff

Né en 1958 à Zell am Harmersbach (Allemagne)
Vit et travaille à Düsseldorf (Allemagne)

Thomas Ruff demeure à ce jour l’une des figures les plus importantes de la photographie contemporaine. Son œuvre, hautement théorique et d’une invention plastique sans cesse renouvelée, couvre un large éventail des techniques propres au médium et interroge en profondeur son essence même et la place qu’elle occupe dans nos sociétés. Son travail, célébré internationalement, a été exposé notamment à la Whitechapel Gallery à Londres, au MoMA à New York et aussi plus récemment au Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne Métropole (MAMC). Thomas Ruff a également participé à la documenta IX de Cassel en 1922 et à la Biennale de Venise en 1995.
Entre 1977 et 1985, et comme toute une génération d’artistes allemands devenus aujourd’hui importants (dont Thomas Struth et Andreas Gursky), Thomas Ruff étudie la photographie à l’Académie des Beaux-Arts de Düsseldorf sous l’enseignement de l’illustre couple de photographes Bernd et Hilla Becher. C’est au cours de ses années passées dans l’institution qu’il débute sa première série intitulée Interiors (1979-1983). Ce travail est une étude des intérieurs de maisons allemandes, vidées de toute présence humaine et saisies dans leur caractère typique. Les clichés (tel Interieur 13B, 1980) capturent une domesticité caractéristique de l’époque et un aspect vernaculaire dont le potentiel « kitsch » échappe au commentaire par une mise à distance relativement froide.
Sa deuxième série, celle qui lui fera accéder très tôt dans sa carrière à une large reconnaissance critique et publique, est celle des Portraits entamée en 1981.
De petits formats dans un premier temps, ces photographies, de proches de l’artiste, sur fonds colorés, ressemblent fortement à des documents officiels d’identité. La neutralité de l’expression des modèles va à rebours de toute psychologisation ou narration, faisant de ce travail protocolaire une réflexion paradoxale et féconde sur l’art du portrait. Dès 1986, le procédé se raidit encore avec un passage au grand format, une frontalité exclusive et une lumière crue n’omettant rien des détails du visage de ses modèles (Portrait, 1990).
Au cours des années 1990, avec une série de photographies réalisées la nuit (Nuits, 1992-1995) et des images stéréoscopiques (3D, 1995), Thomas Ruff produit deux ensembles à la plasticité étonnante. Chacun joue avec les limites de la perception : que ce soit le seuil du visible et la lumière verte de la vision infrarouge faisant de Düsseldorf le théâtre d’une guerre ; ou sa version augmentée, vision presque psychédélique et hallucinée du réel. En 1999, un large travail autour du nu (Nudes, 1999–2012) lui permet d’expérimenter les potentialités plastiques, voire « morales », qu’offrent l’utilisation du pixel et les techniques de floutage et brouillage de l’image. Explorant la frontière ténue entre obscénité pornographique et évidente picturalité de l’image photographique, la série explore un monde de fantasmes et pratiques sexuelles qui ont rarement leur place dans les musées.

Après une série sur les villas construites par le grand architecte moderniste allemand Mies van der Rohe au début des années 2000, Thomas Ruff produit avec ses jpegs (2004-2008) l’un de ses corpus les plus emblématiques. Composé d’agrandissements de photographies glanées, de très basse résolution, ce travail interroge la frontière entre le visible et l’abstraction dans des mosaïques semblables à un fracas de pixels. De cette série à l’esthétique fondatrice, les clichés plus iconiques demeurent sans doute ceux consacrés à l’attentat du 11 septembre 2001 (JPEG NY 03 (9/11 World Trade Center, 2004). Plus tard,  avec ma.r.s (2010-2014), Ruff retravaille l’imagerie scientifico-spatiale des expéditions sur la planète rouge par une série complexe de manipulations digitales du cliché d’origine. Dernier corpus parmi tant d’autres, Substrate (commencé en 2001 mais toujours en cours) illustre bien le penchant sous-jacent de l’œuvre de l’artiste vers une forme d’abstraction. Dans cette série, celle-ci devient totale, pure image générée numériquement (comme Substrat 21 III 2003/19, 2019) coupant définitivement tout lien avec le réel pour proposer une surface magmatique, imparablement séduisante, aux couleurs vives - forme de « néant » visuel où le sens se serait, pour une fois chez l’artiste, complètement absenté de l’image.

La collection

Thomas Ruff

Porträts

1981-85

Éditions

Cròniques Fotogràfiques : Col.leccions del Musée d'Art Moderne de Saint-Etienne Métropole i de l'Institut d'art contemporain, Villeurbanne & Rhône-Alpes

2009

Fundació Vallpalou
Éditions

Présentation (œuvres du FRAC Rhône-Alpes) & Propositions

1988

FRAC Rhônes-Alpes, Lyon
Éditions

L'inventaire

1988

FRAC Rhône-Alpes
La collection

Thomas Ruff

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imprimé le 19 avril 2024 [19:54] depuis l'adresse IP : 3.146.105.137
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