Né en 1941 à Olesnica (Silésie – aujourd’hui en Pologne) – décédé en 2010 à Cologne (Allemagne)
Sigmar Polke est un artiste allemand dont le travail pictural foisonnant et extrêmement inventif s’articule autour de questions hétérogènes liées aussi bien à la perception optique qu’aux absurdités de la société de consommation. Ses œuvres ont été montrées lors des Documenta 5 (1972), 6 (1977) et 7 (1982) et il est récompensé du Prix de peinture à la Biennale de São Paulo de 1975, ainsi que du Lion d’Or à la Biennale de Venise de 1986. De nombreux grands musées internationaux ont également exposé son travail : le Städtisches Kunstmuseum de Bonn en 1983-1984, le Museum of Modern Art de San Francisco en 1990-1991, le Stedelijk Museum d’Amsterdam en 1992 ou encore la Tate Modern, à Londres, en 2003-2004. Une rétrospective de son œuvre a eu lieu au MOMA, New York, en 2014.
En 2019, Le BAL, Paris, présente une exposition inédite, Les infamies photographiques de Sigmar Polke, qui dévoile trois cents tirages de l’artiste, des clichés des années 1970-80 issus de ses nombreuses expérimentations graphiques et chimiques.
Après une période d’apprentissage chez un maître verrier, il entre en 1961 à la Kunstakademie de Düsseldorf, où il fait la rencontre de Gerhard Richter. Dès 1963, ils fondent ensemble, avec Konrad Lueg (le futur galeriste Konrad Fischer), le Kapitalistischen Realismus [Réalisme Capitaliste]. L’annonce, ironique, est conçue comme une réaction au réalisme socialiste officiellement plébiscité dans les pays de l’est, alors communistes, et au pop art, qui véhicule une imagerie consumériste. C’est à la même époque, que Polke, toujours étudiant, commence à intégrer des trames dans ses peintures. Les sujets, issus d’une iconographie quotidienne et triviale (produits alimentaires, comics, publicités, photographies de presse) se dissolvent, jusqu’à chevaucher parfois la frontière entre figuration et abstraction.
Engagé dans une pratique perpétuellement renouvelée, que ce soit sur le plan du médium ou sur celui des thèmes abordés, Polke hybride sa peinture avec de nombreuses expériences techniques. Pratiquant la photographie depuis les années 1970, il utilise par exemple certains produits photosensibles, avec lesquels il enduit ses supports. Lors de la Biennale de Venise de 1986, la peinture avec laquelle il réalise ses œuvres s’altère selon les variations du niveau d’humidité. De la même manière, il lui arrive d’appliquer de la cire d’abeille ou de l’arsenic sur ses toiles.
Jusqu’à la fin de sa vie, il choisit de maintenir un positionnement critique et satirique vis-à-vis du matérialisme contemporain : il dessine régulièrement sur des papiers de mauvaise qualité, ou avec des outils ingrats, rendant ainsi ses œuvres fragiles et difficiles à conserver. Il peut superposer des couches de laques pour obtenir un effet de transparence particulièrement subtil ou bien reproduire grossièrement une caricature à la bombe sur un tissu d’ameublement bon marché : son œuvre résiste à toute catégorisation, toute idéologie. Elle est ludique tout en refusant la séduction et la facilité.