Née en 1939 à Biarritz (France) – décédée en 1990 à Paris (France)
Gina Pane achève sa formation à l'École des Beaux-Arts et à l'Atelier d'Art Sacré Arnoldi à Paris au milieu des années 1960. Ses premières sculptures sont alors principalement d'inspiration minimaliste et articulent la question de la forme à celle de la mise en situation du corps. Se détachant peu à peu des médiums
« traditionnels », Gina Pane réalise d'abord des actions en extérieur et sans public (Pierres déplacées, 1968 ; Enfoncement d'un rayon de soleil, 1969, etc. – œuvres qui existent aujourd'hui exclusivement à travers leur documentation photographique) dans lesquelles elle expose son rapport à la nature « comme force poétique, comme un lieu de mémoire et d'énergie1 ».
En 1971, elle montre sa première performance publique, Hommage à un jeune drogué (réalisée à la Galerie du Fleuve, Bordeaux), et confronte son expérience charnelle aux regards des spectateurs. Ses actions (Azione Sentimentale, 1973 ; Action Psyché 74, 1974 ; Le Corps pressenti, 1975, etc.), bien que
« chorégraphiées » jusque dans leur moindre détail, sont particulièrement éprouvantes et spectaculaires et font du corps de l'artiste un matériau manipulable jusqu'à l'extrême.
Représentée par la Galerie Stadler, bastion de l'art corporel dans les années 1970, aux côtés de Vito Acconci, Michel Journiac, Denis Oppenheim ou Urs Lüthi, etc., Gina Pane devient rapidement l'une des principales représentantes de l'art corporel européen. Dès 1971, Pierre Restany tout comme François Pluchart (fondateur de la revue arTitude, et fervent défenseur de l'art corporel) lui consacrent plusieurs articles. En 1972, Pluchart écrit : « Gina Pane a démontré qu'il n'existe aucun déterminisme sur terre pourvu que l'homme veuille se donner la peine d'assumer sa condition d'homme. En cela, elle a créé une des pièces capitales de l'art actuel. Elle a donné à celui-ci une signification critique qu'il ne connaissait pas encore. Elle a accompli un acte historique2 ».
De 1975 à 1990, Gina Pane enseigne à l'École supérieure des beaux-arts du Mans. En 1978 et 1979, elle dirige un cycle autour de la performance au Centre Georges Pompidou à Paris. Celui-ci lui a consacré une importante exposition en 2005 : Gina Pane : Terre-Artiste-Ciel. Les œuvres de l’artiste ont été montrées dans différentes institutions telles que le Mamco de Genève, le LaM de Villeneuve d’Ascq ou le MAC VAL à Vitry-sur-Seine.
Plus récemment, la Galerie Art & Essai de l’Université Rennes 2 a organisé une exposition personnelle de Gina Pane, de novembre 2015 à janvier 2016.
L’œuvre de Gina Pane est portée par la question du rapport au monde et à l'autre. Avec son corps comme véhicule de significations partagées, ce par quoi circulent les émotions entre l'artiste et le spectateur, elle accomplit une mise à nu de l'intimité qui atteint à l’universel. À travers ses actions, Gina Pane renvoie chacun à son ressenti et à sa condition. Elle crée un langage artistique empli de symboles (le sang, le sacrifice, la fertilité, etc., par exemple dans Action Psyché 74) qui dépasse définitivement les seules limites de sa propre condition et formule la question : « Ton corps est-il le mien ? ».
1 Anne Tronche, Gina Pane, actions. Paris : Fall édition, 1997, p. 33.
2 François Pluchart, "Le Coup de poignard de Gina Pane", Combat (Paris), n° 8671, lundi 5 juin 1972, p. 11.