En 2006, le CNAP acquiert le Cabinet (1991-2006) qui réunit sept prototypes¹ réalisés entre 1991 et la date d’acquisition, soit sept projets qui sont des propositions, essais, tests miniaturisés et indiciels de travaux (réalisés ou non) de l’artiste. Il contient par exemple le Test pour le Théâtre National de Bruxelles qui lui permit de mettre au point son projet de perturbation ponctuelle du système d’éclairage du bâtiment. L’IAC, qui avait acquis Corps noir en 1995, et souhaitant poursuivre sa collaboration avec l’artiste, obtient en dépôt le Cabinet et le présente lors de l’exposition Collection(s)08 (2008) augmenté de trois prototypes : Test Slowlight, Plinthe et Sans Titre. Le Cabinet devient en croissance, et est amplifié au gré de nouvelles expositions par des expérimentations supplémentaires et de nouveaux prototypes. Le Cabinet originel restant inaliénable, ses mutations s'inscrivent comme suit : Cabinet en croissance [1991-2006] / 2008 / 2009 (etc.). Le Cabinet en croissance a été notamment présenté dans le cadre du Laboratoire espace cerveau², initié en 2009 par Ann Veronica Janssens et Nathalie Ergino, directrice de l'Institut d'art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes, et qui se propose d’explorer, à partir du champ des expérimentations artistiques, les recherches pratiques et théoriques qui permettent de lier espace, temps, corps et cerveau. Il a alors été amplifié de cinq expérimentations supplémentaires³.  De plus, ces archives évolutives d'Ann Veronica Janssens ont donné lieu au livre Experienced en 2009. Après l'exposition Sources à l'Espace Ducros de Grignan en été 2013, le Cabinet en croissance s'enrichit de 11 nouveaux prototypes⁴, qui sont mis en dépôt à l'IAC par l'artiste.

¹ Lamelle PVC, Sans Titre (Sculpture laiton), Sans Titre (luminaire en aluminium avec trépied), Test E-Lite, Aquarium (1991-2006), Sans Titre (affiche imprimée en couleur sur papier) et Test pour le Théâtre National
² www.laboratoireespacecerveau.eu
³ Cocktail Sculpture, Jupiter, Looking for The Pole Star, toutes datent de 2008, Phosphènes et Side (2006)
⁴ Échantillons-test, Commande publique de la Chapelle Saint-Vincent, Grignan (2009-2013) ; Rosace #1 (2009-2013) ; Aérogel (2003) ; Claudio (1990) ; Sans titre ; Chasseurs d'éclipses en Mongolie (2008 ; Spray #3 (2012) ; et 4 films : A2 (1999), Barcelone Berlin (Fragments) (1999), Montagne en Jordanie (2000), In the car (2003).

En 2009, Ann Veronica Janssens et Nathalie Ergino, directrice de l’Institut d’art contemporain, initient le Laboratoire espace cerveau qui se propose d’explorer, à partir du champ des expérimentations artistiques, les recherches pratiques et théoriques qui permettent de lier espace, temps, corps et cerveau. Ce laboratoire pluridisciplinaire se développe par station dont la première occurrence a lieu en été 2009 : on y retrouve le Cabinet en croissance de l'artiste amplifié de cinq expérimentations supplémentaires, dont la pièce Cocktail Sculpture, un cube de 30 cm de côté, rempli d’huile de paraffine et d’eau distillée qui permettent de tester la densité de deux corps par effet de tension et la diffraction. Ce dernier phénomène est le comportement des ondes lorsqu'elles rencontrent un obstacle qui ne leur est pas complètement transparent ; le phénomène peut être interprété par la diffusion d'une onde par les points de l'objet. La diffraction se manifeste par le fait qu'après la rencontre d'un objet, la densité de l'onde n'est pas conservée selon les lois de l'optique géométrique.
Au sein du Cabinet en croissance d'Ann Veronica Janssens, Cocktail Sculpture est acquis par l'IAC en 2009.

Corps noir est une œuvre murale d’Ann Veronica Janssens en forme de demi-sphère convexe. Elle s’apparente à une lentille en suspension qui inverse les images comme une camera obscura. La boule, parfaitement ronde et d’un noir profond, laisse apparaître un espace insaisissable qui sollicite celui qui la contemple : elle l’incite à se demander si la sculpture est convexe ou concave et si elle est bi- ou tridimensionnelle. Confronté à cet espace à la fois brillant, transparent et invisible, le spectateur est induit à tourner autour de lui, à vouloir le toucher tout en demeurant dans l’impossibilité de le faire. Le champ visuel de la sculpture se révèle être l’espace qui enveloppe le spectateur. Ce dernier est incorporé au « Corps noir », il fait la double expérience, d’origine baroque, du mouvement de son corps dans l’espace saisi à la fois par l’image-miroir et par la présence réelle.