Démultiplications

Masterclass « Initiation au commissariat d’exposition d’art contemporain »

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Des collaborations exigeantes avec des établissements d’enseignement supérieur ont été initiées dès la première année du dispositif E-Studio, créé en 2009. Ainsi, la conception d’une Masterclass dédiée à l’accompagnement d’étudiants dans une pratique curatoriale a permis de valoriser et de renforcer le partenariat mené depuis trois ans entre l’IAC et l’ENS de Lyon par le commissariat d'une exposition.
Appropriations, citations, reproductions mécaniques d’une même image : la démultiplication a pris différentes formes dans l’art contemporain du Pop art au postmodernisme. Cette mise en question de l’œuvre unique reflète la profusion et diffusion accélérée des marchandises et des images dans la société de consommation des soixante dernières années. De la publicité à l’Internet, le rapprochement entre des images différentes s’est fait de plus en plus rapide, au point de faire désormais intimement partie de nos habitudes visuelles. Des médias tels que la gravure, la photographie et la sculpture, arts pour certains pluriséculaires qui permettent la production en multiples exemplaires de l’œuvre matricielle, rappellent que les enjeux liés à la reproductibilité traversent l’histoire de l’art.
Cette exposition explore les façons dont la création, depuis les trente dernières années, a pu apporter de nouvelles inflexions à cet enjeu central de notre culture visuelle. Plus particulièrement, Démultiplications s'éloigne de l’opposition binaire entre original et reproduction, pour prendre comme objet la démultiplication comme principe créateur qui envisage l’œuvre comme le résultat d’opérations diverses telles que la multiplication, la répétition, ou la variation.

Par exemple, la série se décline dans le temps de la mise en scène de Bob Wilson ou de la décomposition analytique de la lumière par Anthony McCall. Elle permet également des variations de points de vue dans l’espace, à travers les polyptyques de photographies par Jacqueline Salmon et de gravures par Christian Fossier. Les agencements aléatoires d’un motif identique dans l’œuvre en volume de Carl Andre ou dans le tapis d’Alighiero Boetti engendrent des variations de formes, qui trouvent leur contrepoint dans les répétitions uniformes photographiées par Alex MacLean dans le paysage urbain.

La démultiplication soulève les problématiques de reproduction, de diffusion et de distribution des images et des objets, qui se cristallisent aujourd’hui autour de la définition juridique et ontologique de l’auctorialité. La division du travail, la multiplicité des auteurs, les valeurs marchandes de l’unique et du multiple sont autant de perspectives qu’interrogent le kilim de Boetti ainsi que le médium photographique utilisé par Salmon et MacLean, ou les estampes de Fossier, Wilson, ou McCall.
Dans la sélection ici proposée, pas de déperdition ni de recentrement sur l’œuvre unique, mais bien une quête de ce que permettent les jeux entre variation et copie conforme, énumérations et déclinaisons. Sont ainsi introduites des techniques, comme la gravure et le tissage, que l’on associerait à une reproduction potentiellement infinie, mais dont le procédé de fabrication ralentit et épaissit pourtant la production de l’image. Ces techniques associées à la diffusion peuvent être pensées différemment dans le domaine de la sculpture, traditionnellement envisagé comme art hiératique : les volumes de lumière d’Anthony McCall se reproduisent à volonté selon un programme informatique, et les réagencements de matériaux standardisés de Carl Andre semblent inviter le spectateur à se livrer de son côté à un principe proche du jeu de cubes.
Avec les sculptures d’Andre et l’estampe préparatoire de McCall, cette exposition s’ancre dans une esthétique minimaliste. On parlera ainsi plus volontiers de démultiplications au pluriel, autour d’un seul et même objet : l’espace, perçu dans le temps et à travers l’expérience du spectateur.

Dans cette exposition, jeux de lumière et variations dans le temps de lecture des séries se conjuguent à des vues démultipliées et des géométries variables. Perspectives et points de vue s’alternent, se fragmentent et se superposent autour d’un même espace, qu’il soit géométrique (Boetti, Andre), perceptif (McCall), imaginaire et scénique (Wilson), architectural (Salmon, Fossier), ou urbain (McLean). Cette exposition, kaléidoscope noir et blanc, organise un éparpillement visuel, où de minuscules mobil homes entrent en écho avec des motifs géométriques tissés, et où des gouffres de béton gravés au burin rencontrent l’architecture minimale de briques de béton.

Le commissariat collectif d'exposition : Juliette Bouveresse, Clement Kamouly, Claire Mathieu,Lucas Roussel, Florie Imbert-Pelletie
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imprimé le 27 décembre 2024 [01:04] depuis l'adresse IP : 18.191.91.15
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