Maxime Lamarche

Résidence de recherche et de production

Un territoire en trois temps / La Montagne ardéchoise / Temps #2

du  au 

Sagnes-et-Goudoulet Ardèche

L’IAC s’inscrit dans la volonté d’accompagner les territoires d’Auvergne-Rhône-Alpes sur une durée de deux à trois ans, autant avec la présentation d’œuvres de sa collection que par le développement de résidences d’artistes. Le premier temps de rencontre s’effectue notamment avec des œuvres de la collection IAC au sein d’une structure culturelle, patrimoniale, associative ou autre, d’initiative publique ou privée, qui irrigue ainsi son propre territoire à destination d’un public de tous âges, individuel et scolaire. Un deuxième temps d’approfondissement est initié, toujours avec la collection, à partir du monde scolaire. Le troisième temps de rencontre et d’échange se concrétise par la présence d’un jeune artiste en résidence.
→ Temps #1 : Exposition Du soleil à la Source - Ferme de Bourlatier, Sagnes-et-Goudoulet (Ardèche) (25 mai – 3 novembre 2019)

→ Temps #2 : Résidence de Maxime Lamarche, Sainte-Eulalie (Ardèche) (26 juin – 26 septembre 2021)

→ Temps #3 : Des œuvres Série blanche, La source, No Future d'Étienne Bossut & atelier avec Maxime Lamarche le jeudi 21 octobre 2021 - Collège de la Montagne ardéchoise, Saint-Cirgues-en-Montagne (Ardèche) (22 septembre – 12 décembre 2021)

Lors de sa résidence au coeur du village de Saint-Eulalie, Maxime Lamarche a pu se connecter avec les habitants, échanger avec les gens de passage et finaliser sa sculpture Refuge du col bleu dans l’atelier prêté par la mairie. Le sommet de l’œuvre est une structure métallique, que Maxime Lamarche décrit comme « un dessin à main levée en 3D, presque aérien, une allégorie de paysage ». À ces formes courbes et fines sont assemblées, juste en dessous, les lignes droites, rectangulaires, pleines, d’une carrosserie de voiture. « Le refuge est accessible aux randonneurs, qui peuvent s’y installer avec leur matelas, plutôt que de planter leur tente. L’intérieur est assez spartiate. T’as du bois, une balayette. Tu t’en vas, tu fermes la porte » explique M. Lamarche.

La base de la sculpture est une carrosserie d’un 4×4, du modèle Jeep Cherokee Chief, une voiture américaine qu’il est rare de croiser sur les routes françaises. « C’est avec cette voiture qu’est né le concept de SUV, qui est largement remis en cause aujourd’hui : des voitures très volumineuses qui consomment beaucoup, et polluent en conséquence. Ce qui est étonnant, c’est que la Jeep Cherokee Chief a été pensée pendant la crise pétrolière des années 70. Dans les années 70 se développent l’idée du camping et de l’accès au paysage. Les pubs de l’époque pour ce type de véhicule montrent des pères de famille, ouvrant leurs coffres une hache à la main, garés près de sommets, au milieu de forêts... Les voitures Jeep sont des véhicules pensés pour être très utilitaires : permettant aussi bien de travailler à la ferme avec sa bagnole aux 4 roues motrices, que de partir en week-end à l’aventure. » explique Maxime Lamarche. Il complète : « Ça m’intéressait de retrouver cette carrosserie, car aujourd’hui, cette bagnole est une carcasse, un déchet. Je le récupère, le re-fonctionnalise, pour en faire autre chose en n’en conservant que le design archétypal de cette période, l’habitacle. Si on a plus le pétrole qui permettait de faire fonctionner ses engins, ils tombent en désuétude, on est à pied, et il va falloir qu’on s’abrite. Mon idée est qu’on s’abritera dans des rebuts de la société précédente, comme celui-ci. C’est quelque chose qui revient dans mon travail de sculpteur, cette idée de sculpture fonctionnelle, basée sur la récupération d’un objet symbolique déchu du siècle dernier. Le projet est également porté par son nom : Refuge du col bleu, qui est formé comme les noms classiques de refuges, qui sont généralement baptisés d’après les noms des cols ou sentiers alentour » explique Maxime Lamarche qui poursuit : « "Col bleu" parce qu’il est installé sur un col, et pour le jeu de mots avec le "ciel bleu" qui me plaisait comme on est dans le paysage, et avec le "col bleu" des ouvriers. Évidemment, cette référence m’intéressait dans son rapport à la voiture. Dans différentes discussions au cours de ma résidence, beaucoup d’anciens ardéchois m’ont parlé de ces gens qui, au siècle dernier, sont tous partis à pied pour aller travailler dans les usines. Le territoire est très dur, c’est difficile d’y vivre, les gens descendaient dans les usines pendant l’âge d’or de l’industrie. Symboliquement, ces populations complètes descendues dans les usines pourraient remonter se réfugier sur leurs terres, comme un juste retour aux sources. Le Refuge du col bleu est un hommage à cette histoire ouvrière locale, mais aussi mondiale, car pour créer ces voitures il fallait des grosses productions, des chaînes de montage qui sont liées à l’histoire américaine. » Maxime Lamarche, Refuge du col bleu, 2020-2021 - Caisse de Jeep Cherokee Chief, peinture, bois de sapin - 4 x 1,90 x 1,80 m.
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imprimé le 21 décembre 2024 [17:12] depuis l'adresse IP : 3.133.138.25
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