À la manière d’une balade méditative, Les échos du silence donnent à contempler les variations qui, bien que subtiles, façonnent notre environnement. Outils de mesure autant qu'œuvres d'art, les installations de CHANG Yung-Ta usent ainsi de la technologie pour transformer des données issues de phénomènes naturels en compositions sonores et visuelles.
L’exposition marque un point clé dans le parcours de l’artiste et présente des œuvres intrinsèquement habitées par l’aléatoire et l’accident. En accueillant l’entropie comme mode de composition, CHANG Yung-Ta nous offre une réflexion sur l’invisible et l'usage des technologies comme outils de connaissance et de création.
CHANG Yung-Ta nous invite à déceler de délicates perturbations : une vibration, une onde qui se propage, un signal enfoui dans le bruit du monde... Dans cet univers d’ondes et de fréquences, le silence n’est jamais absolu. Il est traversé de particules errantes. Habité, vibrant, il résonne.
Habituellement traitées dans des laboratoires scientifiques, des données sont ici réinterprétées par des algorithmes génératifs qui traduisent le hasard des radiations en compositions sonores, transforment le courant d’une rivière en paysages artificiels, ou la trajectoire des rayons cosmiques en traînée de vapeur. Il ne sera donc pas surprenant de trouver des éléments tels que les compteurs Geiger-Müller ou l’acide chlorhydrique dans la liste de matériaux. À la fois œuvres et instruments, les installations de CHANG Yung-Ta puisent dans les équipements savants pour révéler ce qui d’ordinaire nous échappe : les pulsations du hasard, les murmures du rayonnement, la silhouette des sons.
En résidence au Japon au moment de l’accident nucléaire de Fukushima, CHANG Yung-Ta entretient depuis une fascination pour ces particules invisibles qui ne suivent ni rythme stable ni ordre prévisible. Le plus souvent inoffensives, elles sont omniprésentes, provenant autant de la croûte terrestre que d’une origine beaucoup plus lointaine : le cosmos. Les ondes radioactives deviennent dès lors les collaboratrices privilégiées de l’artiste. Maestras d’un autre type, elles sont captées puis traduites en paysages sonores et visuels pour rythmer les sons et provoquer les vibrations.
Ce que nous nommons silence est à vrai dire une trame secrète, un maillage de flux et de résonances. Les échos du silence, ce sont ces traces ténues qui indiquent ce qui se tapit sous la surface du perceptible. En nous les dévoilant, CHANG Yung-Ta nous invite à une autre forme d’écoute, une expérience où l’infiniment petit dicte le rythme du sensible.