Maria Loboda

La Fête, La Musique, La Noce

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La Fête, La Musique, La Noce autrement dit La Guerre, dans l’argot coloré de la grande armée de Napoléon.
C’est ce que proclame l’exposition personnelle de Maria Loboda à l’IAC, à ce jour la plus importante en France. Sous cette annonce quasi baroque, ses airs virevoltants associés à la joie et à la bonne humeur, la menace pèse. Une tension sous-jacente se ressent et s’installe jusqu’à la fin du parcours.
Plus intéressée par les imperfections et les méandres de l’histoire qu’elle ne l’est par ses preuves archéologiques ou par ses fonctions légitimes, Maria Loboda fonde son travail sur l’interprétation et la réappropriation de rituels et, par extension, de symboles propres aux différentes communautés.
À travers la lecture transhistorique des mythes, des sciences savantes, occultes et alchimiques, l’artiste convoque des formes iconiques qui interrogent la prégnance ou l’obsolescence des artefacts inventés par l’homme face aux forces qui le dépassent. Rien ne dure pour toujours et rien n’est jamais tout à fait tel qu’il apparaît. Pleines de faux-semblants, aux esthétiques déjouant toute linéarité chronologique ou spatiale, les œuvres de Loboda révèlent leur profondeur cachée au fur et à mesure qu’on les observe.

Notre système de reconnaissance est sans cesse mis à mal, la profusion des signes contradictoires, tellement humains, déstabilise un peu plus. Ce sur quoi l’œil s’arrête, ce qu’il reconnaît, est tout à coup contré par un élément dissident, une histoire voluptueuse venant tordre ou distordre la première.
On ne peut donc se fier à rien, ainsi les fragments d’un bas-relief gallo-romain perdent-ils la logique qu’on leur reconnaissait lorsqu’on y découvre les modelés de guerriers et de bouteilles d’eau scellées (The Wealth of Neolithic Elites, 2017). Des titres pleins de promesses To Separate the Sacred From the Profane, 2016 ; Tout terriblement, 2017; jusqu’au râle qu’on dépasse In the Long Yawn, 2016, les mots ont ce pouvoir de cacher plus qu’ils ne révèlent. Maria Loboda propose des récits elliptiques et énigmatiques qui viennent troubler le visiteur. Codées, ses installations éveillent les soupçons par un cryptage sensible dont le langage est une clé.

Pour cette exposition, l’Institut prend des allures autres : les ouvertures sont agrandies, les murs et plafonds se voûtent, le style oscille constamment entre le sacré (de la chapelle, de la pyramide ou de la symétrie toute particulière aux temples, entre antichambre et adyton) et la domesticité (du couloir, de l’intérieur bourgeois, du studio ou du boudoir).

Dans La Fête, La Musique, La Noce, différents décors s’offrent ainsi comme sur un plateau de jeu, les œuvres tels les sujets de l’intrigue.
Sous la surface alléchante s’insinue une violence, à fleur de peau. Le cri du signal d’alarme n’est pas loin, la scène va commencer, sur le plateau la tasse est brûlante.

Magalie Meunier
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imprimé le 18 novembre 2024 [04:19] depuis l'adresse IP : 18.119.130.36
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