Leur réflexion d’ordre phénoménologique sur l’espace et la psyché, sur une relation biologique au monde, se nourrit de divers domaines (psychanalyse, neurologie, architecture, parapsychologie…) dont les artistes opèrent une relecture à la fois approfondie et distanciée. S’inspirant des contre-utopies des architectes et designers radicaux italiens, Berdaguer & Péjus réalisent des transpositions mentales d’architectures.
Les paysages psychiques créés intègrent des modifications comportementales, dues à des troubles psychologiques, à l’absorption de substances chimiques ou à l’intervention de stimuli sur nos sens. Ainsi, à travers les liens générés entre espace environnant et états de conscience, les artistes réalisent des projets parlant d’un corps, qu’il soit individuel ou socialisé, humain, végétal, animal ou minéral, soumis à divers processus de transformation.
L’Institut d’art contemporain invite Berdaguer & Péjus à réaliser leur première exposition monographique d’ampleur. Les artistes choisissent d’habiter tout l’espace d’exposition en le considérant comme un espace de recherche, qui décline leurs différents champs d’étude et souligne l’analogie entre processus de création artistique et fonctionnement de la structure cérébrale. Pour leur projet à l’Institut, les artistes créent des zones d’expériences multi et infra-sensorielles. À travers la perturbation des perceptions, ils donnent ici de nouveaux développements à leur exploration du langage, du temps, de la mémoire. Berdaguer & Péjus transposent et mettent en forme des expérimentations parfois invisibles à l’œil nu ou vécues à notre insu, qui questionnent une manière d’être au monde, parfois addictive, parfois surnaturelle, qui flotte entre fiction pathologique et réalité curative.
Ce travail polysémique des artistes – comme le titre de leur exposition, Insula – qui confère une dimension active au visiteur, vise à donner forme à des hypothèses d’évasion. Figurer le non-visible, traduire des phénomènes latents, démultiplier les clés de lecture, reviennent alors à produire des situations, tant biopolitiques qu’esthétiques, de déconditionnement. Les recherches menées par Berdaguer & Péjus jouent avec les états modifiés de la conscience et visent à matérialiser une continuité biologique et physique entre activité cérébrale et monde extérieur. En ce sens, elles renvoient en partie aux activités du Laboratoire espace cerveau de l’IAC.
Nés en 1968 et en 1969, Christophe Berdaguer et Marie Péjus vivent à Marseille et Paris.
Ils ont réalisé plusieurs expositions personnelles (Villa Arson, Nice, 1997 ; FRAC PACA, Marseille, 2001 ; Lieu Unique, Nantes, 2006 ; FRAC Basse-Normandie, Caen, 2007 ; Circuit, Lausanne, 2010).
Ils ont également participé à de nombreuses expositions collectives (Subréel, MAC, Marseille, 2002 ; Communauté 1 et 2, Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes, 2004 ; Dreamtime, Musée des Abattoirs, Toulouse, 2009 ; Les Maîtres du désordre, Musée du Quai Branly, 2012).
Berdaguer & Péjus
Insula
du au
Christophe Berdaguer et Marie Péjus explorent les interactions entre cerveau, corps, environnement, espace construit, qu’ils matérialisent par des formes diverses (volumes, projections, constructions hybrides…) L’exposition Insula réactive des œuvres existantes et présente un nombre important de nouvelles productions.