Au cœur des missions de l’Institut d’art contemporain, la création constitue l’étape fondamentale à partir de laquelle toutes les activités s’organisent et se développent, et en l’occurrence celle de la constitution de la Collection Rhône-Alpes.
Constituer une collection d’œuvres d’art contemporain, c’est réaliser l’exercice d’être à la fois en amont et en aval de la création, dans une quasi-simultanéité à l’émergence des œuvres. Ainsi, l’exposition et la production d’œuvres se confirment comme l’une des sources essentielles de l’activité de collection. La Collection Rhône-Alpes est donc inévitablement traversée par la programmation de l’Institut et son histoire.
En effet, une collection cristallise les questions essentielles qui parcourent le monde de l’art et qui redéfinissent sans cesse ses engagements.
Constituer une collection, c’est donc générer et articuler du sens, des sens. Or, la notion d’ensemble se prête tout particulièrement à cette recherche. Cependant, elle ne s’accorde plus tant, aujourd’hui, à la restitution de mouvements ou d’approches thématiques qu’aux questions d’individualité, de « famille » et d’état d’esprit. C’est pourquoi les acquisitions découlent le plus souvent d’une relation étroite et suivie dans le temps avec les artistes, au plus près de l’évolution de leur travail.
Exposer une collection, c’est moins accomplir un travail d’archive et de sélection dans l’accumulation ; c’est surtout provoquer des rencontres et des dialogues entre les œuvres, mesurer leur justesse et aussi expérimenter les possibles et les manques.
Les œuvres de Dan Graham apparaissent dans Collection(s) 08 comme un « pivot-manifeste » autour duquel s’articulent les autres démarches artistiques.
L’acquisition récente de l’œuvre d’Allen Ruppersberg, The Never Ending Book, vient d’une part renforcer la présence de l’artiste dans la collection et poursuit d’autre part le fil conceptuel—davantage axé sur ses relations incessantes à la vie—tel qu’on le retrouve chez Jimmie Durham, ce que l’œuvre Documenta 11 de Jef Geys vient consolider, et ce que le travail de François Curlet vient subvertir. En 2007, l’acquisition de Doubling Back d’Anthony McCall s’inscrit dans une dimension perceptuelle et environnementale présente dans le travail de Ann Veronica Janssens. Les œuvres de Dan Graham et de Rodney Graham, dans lesquelles la perception est aussi fondamentale, sont nourries par les recherches conceptuelles et les expériences de vie précédemment évoquées—l’une plutôt tournée vers l’architecture, l’autre habitée de multiples références.
D’une autre génération, Melik Ohanian et Laurent Grasso créent, chacun à leur manière, des dispositifs de projections dans lesquels ils jouent avec différents cadres spatio-temporels. Ils explorent ainsi les frontières entre réalité et fiction, espace visible et territoire invisible, représentations formelles et visions mentales.
Collection(s) 08 questionne de possibles rapports entre postures conceptuelles, pratiques d’un art lié à la vie, et expériences d’une double perception, physique et critique. Cette exposition définit des bases de travail et balise ainsi les pistes de recherche menées par l’Institut.
Avec Collection(s) 08, l’Institut d’art contemporain instaure un principe biennal de présentation in situ de sa collection. Cette temporalité permet le renouvellement de sa mise en perspective et une visibilité régulière de ses évolutions.