Ainsi, ces éléments – qu’ils soient objets, signes, messages... – sont soumis à divers déplacements et transformations qui détournent, inversent, ou invalident, même, leurs fonctionnalités. Pour ces glissements, l’artiste ne se prive pas d’user de divers processus qui produisent également des commutations de sens : la discontinuité, l’hypertrophie et la répétition des motifs, la déconstruction du fait visuel, l’effet de présence incongrue, les jeux linguistiques et les dérapages sémantiques. François Curlet travaille à la loupe, comme pour dilater l’ordinaire jusqu’à matérialiser l’improbable.
Maître de la distorsion des codes culturels, François Curlet en extrait le potentiel ludique, poétique et narratif, en répandant son humour caustique sur toutes choses. François Curlet produit des télescopages visuels et culturels entre fictions et réalités, et « remixe » avec fantaisie et rire irrévérencieux les objets et les images, qui constituent alors un véritable monde parallèle, « ovniesque », propre à l’artiste.
L’Institut d’art contemporain présente une importante exposition monographique de François Curlet. Cette exposition réunit cinquante-quatre œuvres de 1989 à 2006, permettant d’envisager la démarche de François Curlet dans son ensemble à la manière d’un rébus en trois dimensions. À l’occasion de cette étape importante jalonnant son parcours, et sur l’incitation de l’Institut, François Curlet invite respectivement deux artistes aux démarches radicales, Jens Haaning et Christophe Terlinden, à occuper des espaces différents, prolongeant ainsi dans le lieu de l’exposition son « art du décalage ».
Né en 1967 à Paris, François Curlet a vécu à Lyon jusqu’à l’âge de vingt-deux ans, période depuis laquelle il n’a cessé de circuler en France et à l’étranger, tout en conservant comme point d’ancrage la ville de Bruxelles. Le parcours de cet exilé volontaire illustre sa démarche, aussi bien conceptuelle et analytique, qu’aux lisières de l’exploration du non-sens et de l’inconscient. Héritier à la fois de John Knight et de Jef Geys, François Curlet opère une fusion singulière entre art conceptuel, persistances dadaïstes, imagerie pop et rêverie de type situationniste. Depuis une quinzaine d’années, François Curlet a réalisé de nombreuses expositions en France et à l’étranger, qu’elles soient personnelles (Galerie Micheline Szwajcer, 2004 ; Air de Paris, 2003 ; Centre d’art contemporain de Sète, 2000 ; Le Collège, Frac Champagne-Ardenne, 1997) ou collectives (Palais de Tokyo, Paris ; MUDAM, Luxembourg ; Grand-Palais, Paris, 2006 ; MuHKA, Anvers, 2005).
François Curlet
du au
Avec une grande variété d’outils et de matériaux, l’œuvre de François Curlet puise à la fois dans le réel et dans l’imaginaire et emprunte aux domaines du conte, de la télévision, des échanges économiques, de la communication – mondes médiatiques contemporains dont il concocte de savoureux dérèglements.