Un certain nombre d'événements politiques l'ont amenée à analyser sa position dans la société en tant qu'artiste, en tant que femme et en tant que Noire. Elle est devenue célèbre dans les années quatre-vingt pour ses recherches dans les domaines du racisme, de la xénophobie et de la nature du moi.
L'exposition Depuis 1965 est la première grande rétrospective consacrée à l'œuvre d'Adrian Piper présentée en Europe : d'abord en Autriche à la Generali Foundation de Vienne, puis à l'Institut d'art contemporain de Villeurbanne, et enfin au MACBA de Barcelone. Elle propose un large choix de l'œuvre majeure de cette artiste née en 1948 à Harlem-New-York : des peintures et premières œuvres coneptuelles des années soixante aux performances des années soixante-dix et aux œuvres récentes.
Ses œuvres - collages textes/photographies, dessins, performances et (vidéo) installations - sont conçues comme des actes de communication politique. Elles sont censées provoquer chez le spectateur une réaction directement liée à ses réflexes impulsifs et à ses réponses spontanées face à ces thématiques de manière à faire ressortir des pensées souvent profondément enracinées.
Professeur de philosophie à l'université, Adrian Piper sait pourtant ne pas user d'un langage artistique élitiste et cherche plutôt à créer des situations où les récepteurs peuvent réagir spontanément. C'est ce qu'elle appelle "l'indexation du présent". C'est à cette catégorie d'œuvres qu'appartiennent justement les très populaires Funk Lessons : l'artiste invite les participants à écouter et à danser sur de la musique funk et à réfléchir, ce faisant, sur les stéréotypes raciaux. Dans sa série d'œuvres récentes Color Wheel (Roue des couleurs, 2000) - de grands tableaux destinés à des exercices de connaissance de soi -, elle se sert du nuancier de couleurs Pantone pour définir la couleur de la peau.