Le titre de l'exposition est clairement une paraphrase d'Alighiero Boetti (Mettere al Mondo il Mondo/Mettre le Monde au Monde). C'est évidemment un hommage que l'exposition veut rendre à un artiste important, trop tôt disparu, mais qui fut lié de près à l'Institut d'art contemporain aussi bien qu'à la Biennale de Lyon et encore à l'exposition fameuse de Jean-Hubert Martin en 1989, Les Magiciens de la Terre. Mais c'est aussi relever qu'il symbolisa, avec quelques autres artistes, un renouveau du regard sur les cultures autres, "extra-européennes", comme on dit encore parfois.
Ce n'était pas l'échange des autres univers culturels parmi les artistes présentés qui était nouveau, ni la volonté et l'appétit des croisements mais les motivations. Comme si les développements esthétiques nécessitaient un certain retour à l'originel, qu'il soit quête d'une spiritualité venue d'ailleurs ou, au contraire, recherche d'un néo-primitivisme.
C'est donc un peu le souvenir de cela que l'exposition Et l'Art se met au Monde - Prologue pour la Biennale tente de présenter au public, une amorce, un avant-propos, en somme les "précurseurs" de la Biennale.
Avant-propos ambitieux, l'exposition se charge donc d'une confusion génératrice des interrogations essentielles, et peut-être l'inévitable éclatement aidera-t-il à mieux lire la Biennale. Photographie, peinture, mémoire d'actions, cinéma, installations, archives et art colonial, les formes sont multiples et n'ont au fond de commun que cette question de l'autre, du regard et du contexte.