Delphine Reist

« Vrac Multivrac » de Delphine Reist

La Collection en prêt en France

du  au 
Prêt de l'œuvre de la Collection IAC, Villeurbanne/Rhône-Alpes
Delphine Reist, Étagères, 2007
À travers ses œuvres qui empruntent aux objets de notre quotidien, Delphine Reist montre la continuité entre les représentations des mondes industriels et domestiques, en soulignant leurs matérialités, leurs porosités et leurs fragilités.

Machines, outils et consommables semblent ne plus avoir besoin de nous. Ils se dressent, s’automatisent et s’inventent de nouvelles fonctions révélant un monde absurde et surprenant. Des appareils électroportatifs s’animent soudainement, un ballet circulaire de chaises à roulettes imprime ses marques au sol tandis que des seaux de béton renversés figent l’accident d’une chaine de travail à l’arrêt. Dans la halle industrielle du Frac, qui abritait autrefois les Chantiers navals de Dunkerque, un puissant rayon lumineux balaye l’espace à intervalles réguliers. Delphine Reist a transformé le pont industriel en « scanner de bureau » surdimensionné, à l’image du basculement des économies et des emplois de l’industrie vers les services.

Ces objets, choisis pour leur caractère archétypique, témoignent des mouvements profonds qui transforment nos sociétés : la bétonisation des villes, la tertiarisation de l’économie ou encore l’épuisement des ressources. Toutefois, ils ne se muent pas en symboles. Leur simple présence suffit à projeter des représentations alternatives du travail – ses espaces, ses rythmes et ses mythes. Des bottes androgynes, une cadence déréglée, une sonnerie impromptue, une pause cigarette qui s’éternise, des odeurs lancinantes, des matières qui jaillissent ou dégoulinent…

Si l’exposition dégage une atmosphère de fin de partie, elle s’incarne particulièrement dans les traces d’huile s’infiltrant dans cet étage de bureaux, représenté par des chaises à roulettes, et qui ramènent à la réalité crue et sale des décisions prises. En contrepoint, un mur arbore les motifs aléatoires de bouteilles de vin éclatées. Un geste qui se pare du souvenir joyeux des navires baptisés du temps des chantiers navals, auquel répond l’ombre des cageots transformés en gigantesques paquebots. Les objets de Delphine Reist sont ainsi peuplés de fantômes, mais ils sont aussi métamorphosés par une mécanique à la fois érotique et burlesque qui les inscrit dans notre présent.
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imprimé le 24 novembre 2024 [19:28] depuis l'adresse IP : 3.137.219.68
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