Sol in the Dark

Synopsis : « Ni seulement ni tout à fait racaille ou banlieusard·e, Lascar est l’un de ces corps-fétiche-avatar postiche aux multiples visages, origines et devenirs surgis de la culture populaire des années 90.
Sol in the Dark part à la rencontre de cette figure subversive, lui invente une généalogie et ausculte ses réapparitions en icône mainstream aujourd’hui alors qu’elle fut longtemps au ban de la société, qu’elle ne marcha qu’à l’ombre des institutions. Dans un geste de collage musical et collectif qui assemble les temps, les voix et les images, hommage à l’imaginaire du Rap, à l’Afro-futurisme et aux esthétiques d’Internet, Sol in the Dark fabrique le portrait d’un·e insaissable chimère, d’une rumeur de chair, de souffle et de pixels. »

A la fois film, série et base de données, Sol in the Dark est un projet au long cours ayant réuni des dizaines d’artistes, auteur*ices, étudiant*es et amateur*ices invité*es à retracer ensemble – de façon poétique et spéculative – le Mythe de Lascar. Une figure ambivalente, et ce en particulier en France, à la fois héritée de siècles de logiques coloniales, racistes et classistes et de leurs conséquences actuelles mais aussi héritière d’une myriade d’histoires de luttes et de langues millénaires dont on a fini par confondre la dispersion avec l’inexistence et la disparition, plutôt que la dissémination avec la puissance éclatante de la rumeur.

Associant collage visuel, musical et textuel, tout comme il emprunte aux esthétiques du jeu vidéo, des cultures internet, mais aussi au found footage documentaire, au cinéma de banlieue des années 70 et à la Blaxploitation Africaine-américaine : Sol in the Dark fonctionne alors par accumulation et succession de couches de sens, jusqu'à une sorte de saturation. Car tout l’enjeu est de rendre hommage sans réifier, de proposer le portrait d'une figure en (ligne de) fuite, sans toutefois arrêter sa course et ses métamorphoses. En même temps, il faut nommer la somme interminable et toujours tue des injonctions, des assignations et des raccourcis, des méprises et du mépris ! Alors, comment aborder Lascar– qu’iel soit læ « jeune de banlieue » à laquel*le certain*es d’entre nous pensent sans doute, ou un autre de ces personnages insaisissables quoique omniprésent*s dans les discours et fantasmes des logiques conservatrices autoritaires – autrement que par le biais d’une énième convocation ?

Par sa construction, Sol in the Dark revendique l'émergence de nouvelles historicités, de narrations alternatives : en tant que fiction parfois émancipatrice, l'histoire est une indiscipline. Ainsi Mawena Yehouessi manipule des archives authentiques ou fabriquées, de la poésie comme du document, et la forme du collage où se collisionnent des fragments d'imaginaires, des représentations appartenant à des régimes historiques et esthétiques différents. En tournant autour de Lascar et de ses mythologies, caricatures et récupérations, l'artiste compose une contre-histoire équivoque et sans doute dangereusement manipulable, mais ouvrant aussi à la possibilité du soin, du toucher et de la tendresse en lieu de défensive et d’indifférence.