Apichatpong Weerasethakul
For Monkeys Only
2014
De la série des Video Diaries, 2001-2020
Vidéo monocanal SD
Couleur, muet
Durée : 1 min 12 s
Issue de l'ensemble des Video Diaries, une sorte de carnet de notes filmé du cinéaste, For Monkeys Only a été enregistrée au parc de sculptures de Sala Keoku, qui apparaît dans son long-métrage Cemetery of Splendour. Ce parc, situé dans l'Isan, une région du Nord-Est de la Thaïlande régulièrement agitée de soulèvements populaires, incarne pour Weerasethakul une forme de résistance au pouvoir central, en tant que refuge pour l'imaginaire.
Pour le spectateur, habitué aux plans lents et contemplatifs du cinéaste, For Monkeys Only fait l'effet d'un choc visuel. Les couleurs saturées et le clignotement frénétique de la machine créent une dimension purement plastique, un objet visuel autonome dégagé de toute narration. Un défilement saccadé qui rappelle les recherches du cinéma expérimental, ou la Dream Machine de Brion Gysin. Le mouvement rotatif crée un effet hypnotique auquel se superpose l'image tutélaire et inquiétante du singe, comme un dieu indifférent qui délivrerait aléatoirement des prédictions – l'image même du karma. Dans les représentations bouddhistes, « l'attitude du singe […] est souvent celle de la sagesse et du détachement, peut-être par dérision à l'égard de la pseudo-sagesse des hommes1 ».
1 Jean Chevalier, Alain Gheerbrant (dir.), Dictionnaire des symboles. Paris : Robert Laffont, 1982 (Bouquins).