Sans titre (n° 629)

L'œuvre fait partie d'un corpus moins connu du travail de Jan Groover, généralement abordé par le biais des natures mortes et d'où les figures humaines sont absentes. Pourtant, si l'écart peut sembler radical, cette photographie développe certaines des préoccupations plastiques de l'artiste, notamment en ce qui concerne les potentialités d'abstraction du médium photographique.
L'image montre deux jeunes filles dont on ne voit pas les visages : l'une est de dos, l'autre est face à l'objectif mais coupée par le cadre. L'expressivité des personnages passe essentiellement par leurs gestes et particulièrement leurs mains, qui focalisent le regard. Ce qui peut apparaître à première vue comme une photographie de rue, prise sur le vif, se révèle savamment construit : le geste, a priori spontané, est en réalité une pose. Dans cette photographie, Jan Groover travaille selon deux axes qui traversent également ses ensembles de natures mortes : la structuration géométrique de l'image par l'enchevêtrement des membres, et le collage des matières et des surfaces, du modelé de la peau des adolescentes à la texture de leurs vêtements, de la brillance des cheveux au lambris que l'on devine en arrière-plan.