Delphine Reist
Étagères
2007
Étagères métalliques vitrées (plexiglas), outils électriques, système électronique de régulation
200 x 305 x 38 cm chacune
Étagères (2007) n'échappe pas à la règle de l'étrangeté qui domine les objets mis en scène par Delphine Reist. Composée d'une étagère métallique disposant de douze plateaux sur lesquels sont posés des outils motorisés telles des perceuses, des scies sauteuses ou circulaires, etc., l'œuvre se donne à lire comme le lieu d'une invraisemblable révolte. Fermé par un plexiglas transparent, le mobilier de bricolage devient sinon une cage, au moins une vitrine retenant l'agressivité d'une série d'outils qui s'activent aléatoirement et font cogner bruyamment leurs lames ou leurs forêts contre les surfaces métalliques et la mince paroi protectrice.
Delphine Reist tente de dialectiser la relation qui nous lie plus ou moins étroitement aux machines. Elle propose un regard sur notre monde à l'heure où la production de masse et la notion de « croissance » même est remise en question. « Les fabriques et les usines ont quitté les centres urbains pour les banlieues, et quittent maintenant progressivement les banlieues pour des destinations beaucoup plus lointaines, écrit Vincent Pécoil. Les objets animés de Delphine Reist sont dans cette perspective des outils fantômes — les fantômes de la production délocalisée, revenant hanter le lieu d’exposition, avec ses bruits stridents et son odeur d'huile1 ».
1 Vincent Pécoil, in : Delphine Reist. Paris : Triple V Éditeur, 2012, p. 64.