Franck Scurti
Le Calendrier
1992
Œuvre en 3 dimensions, installation
Sérigraphie sur PVC contrecollée sur aluminium, tirage noir et blanc contrecollé sur PVC, argile et peinture grise mate
170 x 250 x 165 cm
Le Calendrier (1992) associe un agrandissement mural du calendrier des Postes de l’année 1968 – les mois du premier semestre, illustrés par la reproduction photographique d’une manifestation de Mai 68 – et un ensemble de onze pavés en argile déformés et peints en gris, en référence à l’environnement post-minimaliste Diamond Mind (1976) de Bruce Nauman. Jouant sur la mémoire vernaculaire (le calendrier traditionnel distribué par le facteur et resté pendant longtemps dans le quotidien des ménages français) et l’histoire de l’art contemporain (appariée de façon humoristique aux pavés de la lutte urbaine contre le pouvoir policier), l’œuvre renvoie à des représentations connues de l’histoire politique et artistique, ici réorganisées par l’artiste en glissements de sens de l’une vers l’autre. « J’essaie de réinvestir les choses en leur donnant une dimension « anthropologique » (…). Ce qui est tiré de la mémoire collective ou individuelle rend possible un retournement, un changement dans l’ordre des choses ou des lieux. Un passage à l’altérité…1 ».
« Le calendrier de mai 68 sollicite au travers de la mémoire collective l'imaginaire du spectateur en accentuant sa présence dans le lieu et sa conscience individuelle face à l'Histoire. Dans le calendrier comme objet quotidien, il y a cette idée d'une conscience continue de l'histoire, une vision très circulaire du temps alors que dans la révolution, dans l'acte révolutionnaire, il y a une fracture, le temps est accidenté et le continu de l'Histoire brisé. La pièce travaille dans cet écart2 ».
1 Entretien de Franck Scurti avec Jérôme Sans, dans Franck Scruti : Before & After, Palais de Tokyo, Paris, 2002, p. 128.
2 Entretien de Franck Scurti avec Pascal Rousseau, dans Franck Scurti, Centre d'Art contemporain, Brétigny-sur-Orge, 1997, p. 20.