Michel François
Déjà Vu (Hallu)
2003
Projection vidéo couleur, sonore
Durée : 13’30’’
Dépôt du Fonds National d’Art Contemporain
La vidéo Déjà-Vu (Hallu) de Michel François se présente comme le postulat de l’ensemble de l'exposition Plans d’évasion : placée sous le signe du double et de la symétrie. Elle annonce le déploiement symétrique des œuvres dans les espaces d’exposition et les ambivalences de perception qui en résultent, selon qu’une même forme s’appréhende de points de vue différents (visuel, physique ou mental) et que les potentialités de la matière se déplient de manière variable dans l’espace.
L’artiste filme ses mains s’appliquant à plier, froisser et déplier une feuille d’aluminium, en créant par un procédé vidéo informatique une symétrie artificielle parfaite et une image dédoublée, calquée sur le principe du test de Rorschach. Outil d’évaluation psychologique élaboré en 1921 par le psychiatre Hermann Rorschach, le test du même nom consiste en une série de planches comportant des taches d’encre symétriques proposées à la libre interprétation du patient et permettant d’en déduire des traits de sa personnalité. À l’instar du test de Rorschach, l’image vidéo de Déjà-Vu (Hallu) produit des formes symboliques, évocatrices de figures animales ou de motifs monstrueux ou fantastiques. La dimension hypnotique et clinique est soulignée par le titre : le terme « déjà-vu » ou paramnésie (du grec para, à côté, et mnésis, mémoire) désigne la sensation d’avoir déjà vécu une situation. Analysé dès les débuts de la psychanalyse, observé notamment dans les cas d’épilepsie mais pouvant aussi se produire de manière assez fréquente sans être un symptôme pathologique, ce phénomène psychique a pu être associé à la réapparition d’un souvenir ou d’un fantasme, voire à celle d’un rêve.
À la dimension clinique du titre, le sous-titre ajoute l’humour du jeu de mot qui agglomère le matériau (aluminium) à la perception (hallucination).