Marie Bourget
Images réversibles
1990
Diptyque
2 sérigraphies sur polypropylène contrecollées sur aluminium
1/3
L’œuvre intitulée Images réversibles (1990) utilise le procédé bien connu de la perspective cavalière pour produire une image ambivalente qui, par un mécanisme de perception basique, fait se superposer abstraction et figuration au même instant. Car dans le temps de l’observation et par l’action du regard, s’organisent les lignes et les plans colorés de la sérigraphie, pour faire apparaître successivement sur la rétine les balustrades et la plateforme d’un balcon surplombant le regardeur à gauche et un second balcon vu de dessus se découpant sur un fond bleu à droite. « Images réversibles » à plus d’un titre donc, la même composition étant amenée à suggérer un envers et un endroit par un simple jeu de plans et de couleurs. « Images réversibles » aussi, en suggérant deux points de vue antagonistes grâce au même dessin. Et c’est peut-être le titre lui-même, le langage pour ainsi dire, qui déclenche le phénomène perceptif et permet ainsi le dédoublement des points de vue, langage sans lequel l’abstraction serait peut-être restée totale. L’intérêt de l’artiste pour cette épiphanie du regard est corroborée par une déclaration comme celle-ci : « Si je mets les choses à l’envers, c’est pour que l’endroit me surprenne et surprenne le spectateur. Je voudrais, à travers mon travail, conduire à regarder les choses pour la première fois. »